Si les premières données sont rassurantes sur l'efficacité des vaccins contre le variant anglais du coronavirus, c'est désormais le variant venu d'Afrique du Sud qui suscite des inquiétudes. Ils semblent continuer à garantir une protection face au Covid-19, même si celle-ci s'avère plus faible.
En cause, la mutation E484K, présente sur le variant sud-africain mais pas sur la souche anglaise. Elle se situe au niveau de la protéine Spike du coronavirus, la pointe qui se trouve à sa surface et lui permet de s'attacher aux cellules humaines pour les pénétrer, jouant donc un rôle clé dans l'infection virale.
Après que plusieurs études scientifiques ont alerté sur la plus grande résistance du variant sud-africain aux anticorps produits par l'organisme en réponse à une contamination au Covid-19, les laboratoires ont mené de nouveaux tests, dévoilant des résultats plutôt rassurants.
Du côté de Moderna, la biotech américaine a publié un communiqué le 25 janvier, dans lequel elle affirme que son vaccin reste efficace contre le variant sud-africain et son cousin britannique. Dans le cas de la souche venue d'Afrique du Sud, «une réduction par six» des niveaux d'anticorps neutralisants par rapport aux précédentes versions du coronavirus a tout de même été observée.
Ils «restent au-dessus de ce qui est attendu comme nécessaire pour procurer une protection», a tenu à préciser Moderna, qui a tout de même annoncé qu'elle lançait, «par précaution», des essais d'une nouvelle version de son vaccin, développée spécifiquement contre le variant sud-africain.
Des résultats similaires ont été dévoilés par Pfizer et BioNTech le 27 janvier dans un communiqué. Des tests in vitro ont en effet montré que leur vaccin neutralisait les mutations clés présentes sur les souches anglaise et sud-africaine. Toutefois, la neutralisation du virus par les anticorps a été «légèrement plus faible» pour les trois mutations du variant sud-africain que pour les trois mutations du variant anglais testées. Mais «ces résultats n'indiquent pas la nécessité d'un nouveau vaccin pour traiter les variants émergents», assure l'alliance américano-allemande.
Moins efficaces, mais loin d'être inutiles
Si AstraZeneca et l'université d'Oxford, dont le vaccin a rejoint la semaine dernière ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna parmi ceux autorisés dans l'UE, n'ont pas encore rendu publiques de telles études, le laboratoire suédo-anglais et l'institution anglaise travaillent déjà «sur un vaccin qui ciblera ce variant» sud-africain, a affirmé le 26 janvier le patron français d'AstraZeneca, Pascal Soriot, dans une interview au Figaro.
Un peu derrière dans la course au vaccin, les deux entreprises américaines Novavax et Johnson & Johnson viennent à peine d'achever de leur côté leurs essais cliniques à grande échelle (de phase 3). Le taux d'efficacité global de leur vaccin s'avère satisfaisant : 89,3 % pour Novavax, 66 % pour Johnson & Johnson mais 85 % contre les formes graves de la maladie. Cependant, il baisse chez les volontaires des tests en Afrique du Sud. L'efficacité y tombe à 49,4 % pour Novavax (60 % parmi les 94 % de participants séronégatifs au VIH) et à 57 % pour Johnson & Johnson.
Bien que le variant sud-africain semble montrer une résistance accrue à tous les vaccins, ceux-ci restent d'une utilité certaine, soulignent les spécialistes. Ils gardent en effet une grande valeur en raison de leur capacité à réduire les cas les plus graves. «L'objectif final est d'arrêter la mort, d'empêcher que les hôpitaux entrent en crise, et tous ces vaccins, y compris contre le variant sud-africain, semblent le faire substantiellement», indique à l'AFP le Dr Amesh Adalja, spécialiste des maladies infectieuses au Centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire.