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Vaccin : pourquoi l’Union européenne est-elle en colère contre AstraZeneca ?

AstraZeneca dans le viseur de Bruxelles. Les dernières annonces du laboratoire britannique sur les retards de livraisons de son vaccin anti-Covid suscitent le courroux de l'Union européenne, qui les juge «inacceptables».

Vendredi, AstraZeneca a informé des responsables européens que les livraisons à l'UE de son vaccin, développé avec l'université britannique d'Oxford et dont le feu vert en Europe est attendu pour le vendredi 29 janvier, seraient moins importantes que prévu au premier trimestre. Elles seront réduites de 60 % en raison d'une «baisse de rendement» sur un site de fabrication européen, a fait savoir le laboratoire, pour atteindre 31 millions de doses, au lieu des 80 millions programmées d'ici à la fin mars.

De quoi chambouler totalement la campagne vaccinale européenne. La Commission européenne souhaite que les 27 Etats membres aient vacciné 70 % de leurs adultes d'ici à l'été prochain, a-t-elle déclaré la semaine dernière. Un objectif qui pourrait ne pas être atteint si AstraZeneca retarde ses livraisons à l'UE, déjà préoccupée par les récentes annonces similaires de Pfizer.

Ce nouveau calendrier de livraisons d'AstraZeneca n'est «pas acceptable», a ainsi réagi lundi la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides. Il a valu au patron du laboratoire britannique, le Français Pascal Soriot, un appel très ferme de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lundi matin, puis une convocation de l'entreprise lundi à la mi-journée devant un comité de représentants des Etats membres et de la Commission. Une réunion qui n'a abouti à aucune avancée, Stella Kyriakides faisant état sur Twitter du «mécontentement» des participants «face au manque de clarté et aux explications insuffisantes». Un nouveau point est prévu mercredi.

Vers un «mécanisme de transparence» ?

Si l'Union européenne est aussi furieuse des retards de livraisons d'AstraZeneca, c'est qu'elle a l'impression de s'être fait avoir. Dès août 2020, la Commission européenne a signé un contrat de précommande de 300 millions de doses (+ 100 millions en option) du vaccin du laboratoire britannique, alors qu'il était encore en phase d'essais cliniques. «L'UE a préfinancé le développement du vaccin et sa production, et veut désormais un retour (sur son investissement, NDLR)», a tonné Stella Kyriakides.

Lors de son coup de fil au patron d'AstraZeneca, Ursula von der Leyen a peu ou prou tenu les mêmes propos. Elle lui a rappelé «que l'UE avait investi d'importants montants dans les laboratoires, précisément pour s'assurer que la production monte en puissance avant l'approbation de mise sur le marché», a indiqué un porte-parole de la Commission. Les laboratoires «doivent tenir leurs promesses», a martelé la dirigeante allemande mardi, dans une intervention en vidéo au Forum économique mondial de Davos, visant AstraZeneca et Pfizer.

Ces annonces successives sur des retards de livraisons ont fait naître un débat plus large au sein de l'UE, sur la destination des vaccins produits en Europe. La Commission européenne a proposé que soit mis en place «dès que possible» un «mécanisme de transparence» pour obliger les firmes pharmaceutiques à notifier aux autorités européennes les acheminements vers des pays hors UE des doses de vaccins produites sur le territoire de l'Union.

Une idée soutenue par le ministre de la Santé allemand Jens Spahn, qu'il juge nécessaire pour assurer «une distribution équitable» des vaccins. Au sein de la Commission européenne, il se dit en effet qu'AstraZeneca a peut-être expédié des doses fabriquées en Belgique à des pays hors UE, plus offrants, avant de se rendre compte que la production n'allait pas assez vite pour également répondre à ses obligations contractuelles envers l'Union, rapporte Politico.

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