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Covid-19 : situation catastrophique en Afrique du Sud après l'arrêt du vaccin d'AstraZeneca

Un enfant reçoit du désinfectant dans une école de Johannesburg.[LUCA SOLA / AFP]
Par Mis à jour le Publié le

La situation est grave en Afrique du Sud, qui n'a pas de chance ces jours-ci. Les autorités sud-africaines avaient commandé 1 million de doses d’AstraZeneca, et voici que la semaine du 8 février, le gouvernement a cessé de vacciner les doses de ce fabricant.

En effet, l'efficacité de son vaccin s'est avéré trop faible, tournant autour des 22% pour les cas modérés de la maladie, sans doute davantage pour les cas graves, selon une étude partielle provenant de l'Afrique du Sud elle-même. Certes, l'on peut encore l'utiliser mais son efficacité minorée empêche d'en faire la solution idéale pour le gouvernement. La formule de Pfizer, de Moderna et autres atteint les 90% et plus d'efficacité. AstraZeneca vendait ses doses à un prix bien inférieur que Pfizer, et le stockage était possible par simple réfrigération à la différence de Pfizer qui doit être congelé à basse température. 

Le grand ennui pour l'Afrique du Sud réside dans le fait que c'est sur son sol que le «variant sud-africain» - nom universellement reconnu sauf en Afrique du Sud -- est apparu en décembre dans la ville de Durban, même si le variant a pu venir d'ailleurs en Afrique australe où il est également présent . On l'a découvert lorsque le nombre de porteurs du virus a soudainement fait un pic à Durban, et les excellents et nombreux chercheurs sud-africains ont alerté le monde extérieur, l’OMS principalement. Cette dernière a envoyé quelques spécialistes de plus et rapidement la naissance du variant sud-africain, le 501Y.V2 pour les uns, le B.1.351 pour les autres, a été cerné. Aujourd’hui ce variant correspond à 90% des 1,5 millon de personnes affectées dans le pays, ayant déplacé l'itération initiale du virus venu de Chine. 

Malheureusement, le gouvernement avait commandé surtout de l’AstraZeneca, moins cher. Le président Cyril Ramaphosa, dans son discours annuel à la nation le 11 février, a annoncé des commandes massives des autres marques de vaccins pour les 59 millions de Sud-Africains. Dans le détail, il s'agit de 12 millions de doses d’une marque à déterminer sous le système d'acquisition Covax de l’ONU,  20 millions de doses sous le système de l’Union africaine d’une marque également non spécifiée, et 20 millions de Pfizer sous régime privé, et surtout 9 millions de doses de Johson & Johnson (désigné comme vaccin Janssen) qui elles sont déjà en train d'arriver sur le sol national.

D'un point de vue épidémiologique, les ravages de la covid-19 en Afrique du Sud ne sont pas pires qu'en Europe: 48 000 morts pour 59 millions d'habitants, c'est une mortalité légèrement inférieure à la française. Cependant les Sud-Africains ne sont pas très bien protégés contre leur propre variant, et  il y aura un hiatus dans la campagne de vaccination en attendant l'arrivée des nouvelles commandes de doses. 

Le gouvernement avait imposé un confinement moyennement strict de mars à mai 2020, réintroduit en décembre et passant aux stades plus restrictifs le 29 décembre. Généralement bien suivi, ce confinement commence à peser sur cette moitié de Sud-Africains vivant en pauvreté. L'exaspération est visible chez les habitants des quartiers populaires à Durban et Soweto notemment. Le bon côté de cette nouvelle vague: les infrastructures médicales et scientifiques sont d'un bon niveau, et malgré tout le gouvernement informe sa population. Le variant sud-africain engendrera peut-être une riposte sud-africaine qui donnera des idées à d'autres pays.

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