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Coronavirus : le recul spectaculaire de l'épidémie en Inde intrigue les scientifiques

Le nombre de cas de Covid-19 en Inde a été divisé par neuf depuis la mi-septembre. Le nombre de cas de Covid-19 en Inde a été divisé par neuf depuis la mi-septembre.[Pawan SHARMA / AFP]

Epicentre de la pandémie en septembre dernier, l'Inde voit depuis la circulation du coronavirus refluer nettement sur son sol, malgré la levée des restrictions sanitaires. Un mystère qui laisse les scientifiques perplexes.

De près de 100.000 nouvelles contaminations quotidiennes mi-septembre, l'Inde n'enregistre aujourd'hui plus que 11.000 cas par jour, soit neuf fois moins. La même tendance est observable pour les décès, avec moins de 100 morts par jour actuellement, contre 1.100 mi-septembre, soit une division par onze. Des chiffres d'autant plus impressionnants que l'Inde est le deuxième pays le plus peuplé de la planète (1,3 milliard d'habitants). En comparaison, la France (et ses 67 millions d'habitants) enregistre à l'heure actuelle 18.000 cas et 300 décès quotidiens en moyenne.

De nombreux experts mettent en doute la crédibilité des statistiques indiennes, les estimant sous-estimées, en raison d'un manque de tests et d'une mauvaise documentation des décès. Mais ce facteur ne suffit pas à remettre en cause le constat général d'un recul de l'épidémie dans le pays, qui se manifeste dans les hôpitaux, où la pression diminue. A New Delhi par exemple, seulement 16 % des lits en soins intensifs sont occupés.

La campagne de vaccination, entamée seulement le mois dernier (8,7 millions de doses ont déjà été inoculées), ne peut pas expliquer non plus le reflux prodigieux de l'épidémie dans un pays où la vie semble avoir repris un semblant de normalité malgré la pandémie (marchés bondés, restaurants complets, routes embouteillées...).

Face à cette énigme, l'hypothèse de l'immunité collective est évoquée par certains. Mais elle ne convainc pas la plupart des scientifiques. Si certaines grandes villes semblent en être proches (plus d'un habitant sur deux de la capitale New Delhi a développé des anticorps contre le Covid-19 selon une récente étude sérologique), cette situation est loin d'être la norme dans le sous-continent. En effet, une étude des agences de santé indiennes estime que seulement 270 millions d'Indiens, soit un habitant sur cinq, ont été infectés par le coronavirus, loin du seuil de l'immunité collective, fixé à 60 ou 70 %. Par ailleurs, l'exemple de Manaus au Brésil, où des études ont estimé que 75 % de la population avait été contaminée lors de la première vague, avant d'être frappée de plein fouet par la deuxième, bat en brèche cette idée.

Une immunité préexistante ?

Quelle explication dans ce cas ? Deux hypothèses paraissent sortir du lot, sans qu'elles aient été prouvées. D'une part, les chiffres montrent que, lors de la première vague à l'automne, ce sont les citadins qui ont été les plus touchés par l'épidémie, comparés aux habitants des campagnes, plutôt épargnés. «Les zones rurales ont une densité de population moindre, les gens travaillent davantage dans des espaces ouverts et les maisons sont beaucoup plus ventilées», explique à Associated Press le docteur K. Srinath Reddy, président de Fondation de la santé publique indienne. La faible circulation du virus dans les campagnes, associée à l'immunité collective qui se rapproche dans certaines zones urbaines, pourrait donc expliquer le recul de l'épidémie à l'échelle nationale.

Certains experts suggèrent d'autre part l'idée que les Indiens bénéficient d'une immunité préexistante contre le Covid-19, de par la circulation de nombreuses maladies dans le pays (choléra, fièvre typhoïde, tuberculose, paludisme, dengue). La jeunesse de la population indienne (plus de la moitié des Indiens sont âgés de moins de 25 ans) est également mise en avant.

Mais il ne s'agit pas de crier victoire trop vite, selon les scientifiques. Avec l'amélioration de la situation sanitaire, ils craignent que la population ne baisse la garde et respecte moins les gestes barrières. Et ce, alors que de nouveaux variants du coronavirus, plus contagieux, menacent de faire repartir l'épidémie.

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