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Dubaï : la princesse Latifa se dit «prise en otage», Londres demande une preuve de vie

Aujourd'hui les proches de la princesse Latifa s'inquiètent car ils ne parviennent plus à obtenir de ses nouvelles.[Capture d'écran Twitter]

«Je suis prise en otage et cette villa a été transformée en prison [...] Je m'inquiète tous les jours pour ma sécurité et pour ma vie». Dans des vidéos révélées par la BBC et Sky News, la princesse Latifa, fille de Mohammed ben Rached al-Maktoum, émir de Dubaï, lance un appel à l'aide inquiétant. Alors que ses proches affirment ne plus avoir de nouvelles d'elle, Londres demande à la cité-Etat de fournir une preuve de vie.

Dans son témoignage vidéo, la princesse âgée de 35 ans indique que les séquences sont réalisées grâce à un téléphone portable fourni par des proches. Elle explique s'être enfermée dans les toilettes, «la seule pièce avec une porte qu'[elle] peu[t] verrouiller».

La jeune femme décrit des conditions de vie qui font froid dans le dos : «Toutes les fenêtres ont été condamnées [...], il y a cinq policiers à l'extérieur et deux femmes policiers à l'intérieur». Ses geôliers lui assurent qu'elle sera «en prison toute [sa] vie» et qu'elle «ne reverr[a] plus jamais le soleil». Face caméra, la princesse lâche : «La situation devient chaque jour plus désespérée».

Pour l'heure les autorités de Dubaï, dont Mohammed ben Rached al-Maktoum, père de Latifa et Premier ministre des Emirats arabes unis, n'ont pas répondu aux sollicitations des médias au sujet de ces vidéos. Diffusées mardi 16 février sur la BBC et Sky News, elles ont été divulguées par des proches de la princesse qui espèrent ainsi pouvoir faire pression sur sa famille, notamment avec l'aide de l'ONU, afin qu'elle soit libérée.

Ce n'est pas la première fois que la princesse Latifa dénonce des mauvais traitements à son égard. En 2018, elle avait déjà publié une vidéo dans laquelle elle expliquait avoir été «torturée» et «emprisonnée pendant trois ans» par son père, qui voulait la punir d'une tentative d'évasion datant de 2002. Elle annonçait alors vouloir à nouveau fuir son pays.

Droguée, ligotée et ramenée de force

Ce fut la dernière apparition publique de la jeune femme, jusqu'à la diffusion du reportage, mardi 16 février. Dans les nouvelles séquences révélées hier, elle revient d'ailleurs sur ses projets de fuite en 2018, affirmant que le voilier sur lequel elle avait embarqué à l'époque pour rejoindre les Etats-Unis a été intercepté par la marine indienne.

Selon ses dires, la princesse Latifa a été droguée et ligotée pour être ramenée de force à Dubaï. A l'époque, le 17 avril 2018, le gouvernement de la cité-Etat s'était contenté de publier un communiqué stipulant que la fille de l'émir était de retour dans sa famille et qu'elle se portait bien.

Mais, dans l'entourage de Mohammed ben Rached al-Maktoum, Latifa n'est pas la seule femme à vouloir fuir à tout prix. Profitant de vacances en Angleterre, une autre de ses filles, Shamsa, a elle aussi cherché à quitter Dubaï pour de bon, en 2000, alors qu'elle n'avait que 18 ans. D'après sa grande soeur, Shamsa a elle aussi été retrouvée, droguée et ramenée de force.

La princesse Haya, devenue l'épouse du souverain émirati en 2004, est la seule à avoir vraiment réussi à partir avec ses deux enfants, en 2019. Disant elle aussi craindre pour sa vie, elle a demandé le divorce et a évoqué les histoires de Latifa et Shamsa devant le tribunal pour soutenir son propos. En mars 2020, la justice britannique a finalement statué que l'émir de Dubaï avait bel et bien commandité l'enlèvement de ses deux filles.

Les proches de Latifa assurent pourtant que la situation de la princesse n'a pas évolué depuis, ce qui les a décidés à rendre ces vidéos publiques. Après leur diffusion, le chef de la diplomatie britannique, Dominic Raab, a demandé une preuve de vie de la jeune femme. «Les gens voudraient [...] la voir en vie et en bonne santé, déclarait-il sur Sky News, mercredi 17 février. Nous serions certainement heureux de cela».

Considérant l'affaire «préoccupante», le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s'en remet quant à lui à «la Commission des Nations Unies sur les droits de l'homme». Un porte-parole de la Haut-commissaire a en effet informé la BBC d'une prise de contact avec les Emirats arabes unis au sujet de la princesse Latifa. Une initiative saluée par Dominic Raab qui assure que Londres «surveillera ça de très près».

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