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AstraZeneca : pourquoi la France a-t-elle suspendu ce vaccin ?

Autriche, Danemark, Islande, Norvège, Allemagne... Et maintenant France. En l'espace de quelques jours, plusieurs pays européens ont suspendu l'utilisation du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca. Une mesure de précaution, après des cas de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées.

C'est l'Autriche qui a ouvert le bal des suspensions, lundi 8 mars, après la mort d'une infirmière qui venait d'être vaccinée avec le produit du laboratoire suédo-britannique. Mais à ce moment-là, seul le lot de vaccin incriminé avait été mis de côté.

Trois jours plus tard, l'autorité sanitaire danoise a décidé la suspension totale de la vaccination avec AstraZeneca, la justifiant par «des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes qui ont été vaccinées avec le vaccin». Sans préciser le nombre de personnes concernées, elle a souligné que l'une d'elles était décédée. 

«A l'heure actuelle, on ne peut pas conclure à l'existence d'un lien entre le vaccin et les caillots sanguins», a-t-elle tout de même insisté, expliquant que cette décision était basée sur le «principe de précaution», en attendant les conclusions d'enquêtes sanitaires. Cette suspension doit être réexaminée dans deux semaines, mais chamboule déjà le calendrier de vaccination du pays, qui a reporté de juillet à août la fin de sa campagne.

L'Islande a rapidement emboîté le pas du Danemark. L'épidémiologiste en chef du pays, Thorolfur Gudnason, a annoncé que cette suspension ne serait que de quelques jours, le temps que le pays reçoive plus d'informations de l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur les effets secondaires du vaccin développé par le laboratoire suédo-britannique, en partenariat avec l'université d'Oxford.

Quelques heures après l'annonce du Danemark, c'était au tour de la Norvège de prendre la même décision. Elle a été motivée par le décès d'une personne vaccinée au Danemark suite à un caillot sanguin, a précisé un haut responsable de l'agence sanitaire norvégienne, Geir Bukholm. «Nous attendons des informations pour voir s'il y a un lien entre la vaccination et ce cas de caillots sanguins», a-t-il déclaré, sans donner de précisions sur la durée de cette suspension.

Depuis, l'Irlande et les Pays-Bas les ont rejoints, avant l'Allemagne, l'Italie et la France ce lundi. «L'autorité européenne, l'EMA, rendra demain [mardi] après-midi un avis sur le recours à ce vaccin, a expliqué Emmanuel Macron. Et donc, sur la recommandation du ministre de la Santé, la décision qui a été prise est de suspendre la vaccination avec AstraZeneca jusqu'à demain après-midi, en espérant la reprendre vite.» Une décision prise «dans le cadre d'une stratégie européenne», selon le président.

Le régulateur européen rassurant

Jeudi dernier, l'Agence européenne des médicaments se voulait pourtant rassurante. «Les informations disponibles à ce jour indiquent que le nombre de thromboembolies (maladies causées par un caillot de sang, NDLR) chez les personnes vaccinées n'est pas supérieur à celui observé sur l'ensemble de la population», avait-elle affirmé dans un communiqué transmis à l'AFP.

Mercredi, avant même les annonces choc des trois pays du nord de l'Europe, l'EMA avait déjà défendu le vaccin d'AstraZeneca, certifiant qu'il n'existait aucun lien entre celui-ci et la mort de l'infirmière en Autriche.

Lors de son point presse de jeudi dernier, le ministre français de la Santé Olivier Véran avait d'ailleurs estimé que «le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade», indiquant toutefois que des investigations étaient en cours, et que des mesures seraient prises si la corrélation entre les caillots sanguins et le vaccin était établie.

Le dernier point de surveillance des vaccins de l'Agence de sécurité du médicament (ANSM), paru la semaine dernière, faisait de son côté état d'un cas de coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), un trouble qui provoque des caillots sanguins, chez une trentenaire vaccinée avec le produit d'AstraZeneca.

Les mêmeS effets que les autres vaccins

En attendant les résultats des différentes investigations, et en particulier du rapport de l'EMA, AstraZeneca défend son produit. Dans un communiqué publié dimanche, le groupe pharmaceutique souligne que les cas de thromboses après avoir reçu son vaccin sont extrêmement rares et, surtout, «similaires» à ceux de ses homologues. Des affirmations appuyées notamment par les chiffres officiels en provenance du Royaume-Uni, qui a fourni une première injection à au moins 24 millions de personnes, essentiellement avec les vaccins AstraZeneca et Pfizer/BioNTech.

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