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Japon : les cerisiers n'ont jamais fleuri aussi tôt depuis 1.200 ans, signe du réchauffement climatique

Au milieu d'un mois de mars exceptionnellement chaud au Japon, les cerisiers en fleurs à Kyoto ont atteint leur apogée. Au milieu d'un mois de mars exceptionnellement chaud au Japon, les cerisiers en fleurs à Kyoto ont atteint leur apogée. [CHARLY TRIBALLEAU / AFP]

Au milieu d'un mois de mars exceptionnellement chaud au Japon, les cerisiers en fleurs à Kyoto ont atteint leur apogée vendredi. C'est la première fois, depuis plus de 1.200 ans, qu'ils fleurissent aussi tôt.

Cette floraison record s'inscrit dans une tendance de précocité de floraison printanière, ce qui, selon les experts, constitue un indicateur probant du changement climatique, rapporte le Washingtonpost.

Le pic de floraison du 26 mars 2021 a dépassé le précédent record du 27 mars 1.409, près d'un siècle avant le départ de Christophe Colomb pour l'Amérique. Le record à plus long terme remonte à l'an 812, soit environ 12 ans après le couronnement de Charlemagne comme empereur romain germanique.

«L'enregistrement de la floraison des cerisiers de Kyoto est extrêmement précieux pour la recherche sur le changement climatique, en raison de sa longueur et de la forte sensibilité de la floraison aux températures printanières (des printemps plus chauds = une floraison plus précoce, en général)», a déclaré dans un mail Benjamin Cook, chercheur à l'université Columbia, spécialisé dans la reconstitution des données climatiques du passé.

Une tendance constante à la floraison précoce 

Unique par sa longévité, la série chronologique de la floraison des cerisiers montre que la date moyenne du pic de floraison a été relativement stable pendant environ 1.000 ans, de 812 à 1800. Mais par la suite, les dates de floraison maximale ont brusquement baissé, révélant un déplacement de plus en plus tôt au printemps.

«Depuis les années 1800, le réchauffement a entraîné une tendance constante à la floraison précoce qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui», a expliqué Benjamin Cook. «Une partie de ce réchauffement est due au changement climatique, mais une autre partie provient probablement d'un effet d'îlot de chaleur accru dû à l'urbanisation croissante de l'environnement au cours des deux derniers siècles.»

Ce printemps, les fleurs de cerisier ont éclos de manière inhabituellement précoce dans tout le Japon. À Tokyo, les cerisiers ont atteint leur pleine floraison le 22 mars, la deuxième date la plus précoce jamais enregistrée et la plus précoce depuis 1953, selon Japan Forward.

C'est la neuvième fois consécutive que la floraison est plus précoce que la normale, selon le Forward, après une semaine durant laquelle les températures ont atteint au moins 20 degrés. La date moyenne de pleine floraison est  habituellement le 25 mars. À Kyoto, l'évolution vers des floraisons plus précoces a été plus rapide au cours des 100 à 150 dernières années. En 1850, la date moyenne de floraison était vers le 17 avril ; aujourd'hui, elle est plus proche du 5 avril. Pendant ce temps, la température moyenne à Kyoto a augmenté d'environ 3,4 degrés.

«Un réchauffement sans précédent depuis des millénaires»

«Les indices, comme le moment de la floraison des cerisiers, sont l'une des mesures historiques "par procuration" que les scientifiques examinent pour reconstituer le climat passé», a déclaré Michael Mann, professeur et climatologue à l'université d'État de Pennsylvanie, qui a publié de nombreuses études sur les changements de température au cours des derniers millénaires.

«Les reconstructions quantitatives et rigoureuses du climat à long terme nous ont déjà montré que le réchauffement de la planète causé par l'homme auquel nous assistons aujourd'hui est sans précédent depuis des millénaires.»

Cette tendance vers des dates de floraison plus précoces rend potentiellement les cerisiers en fleurs plus vulnérables aux gels printaniers, a expliqué Theresa Crimmins, directrice du Réseau national de phénologie des États-Unis, qui suit le moment de l'émergence des espèces végétales.

«Si les bourgeons floraux sont endommagés par le gel, c'en est fini de leur floraison - et de leur fructification - pour l'année. Les cultures fruitières ont récemment subi des impacts massifs en raison d'une floraison précoce suivie de gelées ultérieures», explique-t-elle. «Une autre préoccupation majeure, écrit Theresa Crimmins, est que la floraison très précoce peut entraîner un décalage entre la présence des fleurs ouvertes et celle des pollinisateurs qui dépendent des fleurs comme source de nourriture. Les abeilles sont un pollinisateur clé pour les cerisiers, et si les abeilles n'étaient pas actives au moment de la floraison très précoce des cerisiers au printemps dernier au Japon, les arbres peuvent avoir eu une mauvaise pollinisation. En outre, ces abeilles risquent d'avoir faim sans les fleurs de cerisier comme source de nourriture lorsqu'elles seront actives.»

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