En direct
A suivre

A cause de la pandémie, il faudra encore patienter 135 ans pour obtenir l'égalité des sexes

L'égalité hommes-femmes est repoussée de 36 à cause de la crise sanitaire, selon un rapport - photo d'illustration. [François Guillot / AFP ]

L'égalité hommes-femmes n'est pas pour tout de suite. La crise sanitaire a repoussé de 36 ans la date où celle-ci est censée être atteinte, selon le rapport annuel du Forum Economique de Davos publié ce 30 mars.

Il faudra donc patienter 135,6 ans au lieu de 99,5 ans. Et ce principalement à cause de l'impact du Covid-19 sur le monde du travail. La pandémie a frappé de plein fouet les métiers où les femmes sont surreprésentées, comme caissier, serveur, ou encore employé d'hôtel. Elles sont donc plus nombreuses que les hommes à avoir basculé dans la précarité. Selon les chiffres de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), la perte d'emploi chez les femmes a atteint 5% en 2020, contre 3,9% chez les hommes. 

La crise sanitaire aurait également rendu les femmes «moins productives». En cas de confinement, d'écoles fermées et de couvre-feu, la charge des enfants et de l'entretien du foyer revient dans la majorité des cas aux femmes. Elles sont donc plus anxieuses, et moins disposées à se dédier au travail. Par exemple, 61% des mères sont stressées par la garde des enfants en période de crise sanitaire, contre 53% pour les hommes. 

Ces deux facteurs contribuent à creuser les inégalités économiques entre les sexes. Ils ont «un impact à long terme sur les futures opportunités économiques des femmes, ces dernières risquant d'avoir des perspectives de réemploi inférieures et une baisse chronique de leurs revenus», souligne le rapport.

La France, 16ème pays le plus égalitaire

Le rapport ne s'intéresse pas qu'aux inégalités économiques. Il prend aussi en compte le niveau d'éducation, la santé et survie, et la participation politique. La combinaison des quatre critères donne à chaque pays un score entre 0 et 1. Plus le pays est proche de 1, plus il est considéré comme égalitaire. Le score de la France est de 0,784, ce qui la classe 16ème du classement des pays les plus égalitaires.

La première place est occupée - pour la douzième fois - par l'Islande. Suivent la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la Suède. Des pays comme l'Espagne et l'Allemagne surpassent également la France. 

Le principal talon d'achille de l'Hexagone est la participation politique. Certes, les femmes constituent 40% des parlementaires et 50% des ministres. Mais sur les 50 dernières années, aucune femme n'a été chef d'Etat pendant au moins un an. La France ne fait malheureusement pas exception à la règle : seuls 23% des ministres dans le monde sont des femmes. 

Difficile de redresser la barre. Même avant la pandémie, la tendance n'était pas toujours en faveur des femmes. Les inégalités économiques constituent le point le plus inquiétant : selon les données LinkedIn, les femmes sont embauchées plus lentement et dans moins de postes qualifiés. D'autant plus que «les femmes ne sont pas bien représentées dans la majorité des postes à croissance rapide», indique Sue Duke, responsable de la politique publique mondiale chez LinkedIn. Par exemple, l'ingénierie, la data et l'intelligence artificielle, qui emploient beaucoup, sont des milieux très masculins. «Ce qui signifie que nous accumulons des problèmes de représentation des sexes encore plus importants au sortir de la pandémie», poursuit Sue Duke. D'où les 135 longues années d'attente. Et si l'on se concentre exclusivement sur les inégalités économiques... 267. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités