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Iran, Chine, Russie... Joe Biden imprime sa marque sur la politique étrangère

Le démocrate veut mettre en avant les droits de l'Homme, sans oublier l'intérêt des Etats-Unis Le démocrate veut mettre en avant les droits de l'Homme, sans oublier l'intérêt des Etats-Unis. [JIM WATSON / AFP]

«L'Amérique est de retour», avait claironné Joe Biden lors de son premier jour au pouvoir. Alors que la vaccination contre le coronavirus avance à grands pas et que ses plans pour le redressement économique des Etats-Unis sont en marche, le président américain va pouvoir consacrer plus de temps à la place du pays dans la géopolitique mondiale.

Si des premiers dossiers ont déjà commencé à être traités, l'administration américaine s'attaque ce 6 avril à l'épineux nucléaire iranien. Alors que Donald Trump avait unilatéralement retiré le pays de l'accord signé avec Téhéran, Joe Biden pourrait faire machine arrière. Des «discussions indirectes» doivent avoir lieu entre les deux pays ce mardi pour jauger les futures négociations à venir. Le tout pourrait avoir des conséquences importantes à court terme, puisque l'Iran élit son prochain président en juin prochain, et les conservateurs sont très largement favoris. 

Réputé pour être particulièrement habile dans la négociation ainsi que dans la diplomatie, Joe Biden fait face à l'un des enjeux les plus importants de son mandat. Mais ceux-ci sont nombreux, et ont déjà pu mettre en évidence les différentes techniques utilisées par le démocrate pour mettre en place sa vision à l'international. En effet, le chef d'Etat américain a su se montrer rassurant et amical avec les anciens alliés du pays comme l'Union européenne, mais également ferme voir presque agressif contre les pays qui représentent une menace, notamment la Chine et la Russie. 

Biden et Trump, même combat ? 

Concernant Pékin, le ton a été rapidement donné. Antony Blinken, chef de la diplomatie des Etats-Unis, avait notamment expliqué qu'il était en accord avec la politique ferme menée par Donald Trump, bien que les applications ne soient pas nécessairement de son goût. «Il y a une continuité évidente entre les deux administrations sur ce sujet, pilotée par le Pentagone», explique Annick Cizel, enseignante-chercheuse à l'université Sorbonne Nouvelle et spécialiste de la politique étrangère américaine. Selon elle, cela est notamment causé par la militarisation croissante du pouvoir chinois qui inquiète les experts. «C'est une puissance militaire qui n'est pas encore au niveau des Etats-Unis et qui ne cherche pas la confrontation, mais les Américains surveillent cela de près à l'horizon 2030». 

La principale différence réside cependant dans les outils utilisés pour mettre la pression sur le géant asiatique. Là où Donald Trump a préféré utiliser le rapport de forces brut et les guerres commerciales, l'administration Biden compte sur la diplomatie et la négociation, sans pour autant lâcher la pression. Le tout a d'ailleurs des résonances très politiciennes. «Les démocrates n'ont qu'une très courte majorité au Sénat, et Joe Biden ne peut pas se permettre de s'aliéner les voix républicaines, pour qui le dossier chinois est très important», analyse Annick Cizel. 

Concernant la Russie, l'experte estime qu'elle est derrière la Chine en termes de menace économique ou militaire pour Washington, mais que Moscou est un risque immédiat. Et ce notamment en raison «des bruits de bottes qui se font entendre du côté de l'Ukraine ces derniers temps». Dans le Donbass, des combats ont en effet récemment repris entre les forces armées ukrainiennes et les milices pro-russes. 

Realpolitik vs droits de l'Homme 

En toile de fond de ces différents dossiers majeurs pour Joe Biden, auxquels on peut ajouter l'éloignement vis-à-vis de l'Arabie Saoudite ou encore la Corée du Nord, l'on retrouve la question des droits de l'Homme, qui est chère au démocrate. Il a notamment pu dénoncer le traitement des Ouïghours en Chine ou encore celui de l'opposant russe Alexeï Navalny. Mais si ce biais est de retour dans la géopolitique américaine, après avoir été totalement mis de côté par Donald Trump, il ne dirige pas toutes les décisions de la Maison Blanche. 

Des critiques ont ainsi pu naître au sein du camp démocrate après l'annonce d'une vente d'armes à l'Egypte, pays ciblé par les ONG de défense des droits de l'Homme ainsi que par Joe Biden récemment, notamment à cause des arrestations d'opposants politiques. «Nous ne comprenons pas pourquoi cela ferait sens de donner une aide militaire massive à un pays qui ne fait pas face à des menaces étrangères, qui ne collabore pas beaucoup avec nous en Libye, et qui réprime son propre peuple», a ainsi déclaré le représentant du Michigan Andy Levin, également membre du comité des Affaires étrangères au Congrès. 

Mais cela pourrait s'expliquer par d'autres enjeux que les droits de l'Homme. «Il serait naïf de croire que le retour des démocrates signifie le retour d’une administration motivée exclusivement par les droits communs de l’humanité. Cette vente est au coeur de la stabilisation du Moyen-Orient, au moment où la Jordanie est moins stable que par le passé et que Washington réévalue sa relation avec l’Arabie Saoudite», résume Annick Cizel. Ces trois pays sont en effet des piliers sur lesquels les Occidentaux s'appuient depuis des années pour pacifier la région. L'Egypte est en cela un allié des Etats-Unis. Tantôt amical, tantôt plus combattif, le tout avec une bonne dose de realpolitik, tel semble donc être le cocktail choisi par Joe Biden pour mener sa barque à l'international pendant toute la durée de son mandat. 

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