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Irlande du Nord : tout comprendre des violences sur fond de Brexit

Au total, 88 policiers ont été blessés, dont 14 la nuit de vendredi à samedi en Irlande du Nord. [PAUL FAITH / AFP]

Depuis plus d'une semaine, l'Irlande du Nord est en proie à des émeutes, dans un climat de tensions exacerbées par le Brexit.

Des heurts opposent la police et des émeutiers, d'abord surtout unionistes attachés à la couronne britannique avant de gagner les rangs républicains, favorables à une réunification de l'Irlande.

Avant le Brexit, Boris Johnson s’était montré fermement opposé à une frontière en mer d'Irlande, entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord. C'est pourtant désormais le cas et les promesses non tenues suscitent la colère.

Dans les rangs unionistes, la colère gronde, comme le sentiment d'avoir été trahi avec cet accord qui cherche à éviter, avec des arrangements spéciaux, de remettre en cause la paix signée en 1998 entre unionistes, majoritairement protestants, et républicains, en grande partie catholiques.

«Un manque de préparation»

Afin d'éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique et la République d'Irlande, membre de l'UE, des contrôles se tiennent dans les ports nord-irlandais. Mais ces nouvelles dispositions perturbent les approvisionnements et sont dénoncées par les unionistes.

«Cela a eu des conséquences, a expliqué Katy Hayward, experte du Brexit à l'Université Queen's de Belfast. Il y a eu un manque de préparation des entreprises aux nouveaux contrôles, et un manque de préparation du terrain en Irlande du Nord aux implications».

L'Union européenne a fait remarquer que le Premier ministre britannique était bien conscient de ces conséquences lorsqu'il y a adhéré et a affirmé qu'il appartenait au gouvernement britannique de résoudre les problèmes qui en découlent.

Si côté UE, on insiste sur le fait que le protocole est là pour rester, la cheffe du gouvernement local Arlene Foster du Parti unioniste démocratique (DUP) réclame son abandon.

Beaucoup pointent du doigt la responsabilité de Boris Johnson qui a défendu une rupture radicale avec l'UE -une position soutenue par le DUP- laissant peu de place au compromis après son arrivée à Downing Street en juillet 2019.

L'UE «prête à trouver des solutions rapides»

Côté unioniste, le traitement différencié de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, nourrit un sentiment de grief, qui s'ajoute aux tensions sectaires existantes.

Le parti unioniste DUP de Foster estime que la décision des autorités nord-irlandaises de ne pas poursuivre des responsables du Sinn Fein qui avaient assisté aux obsèques d'un ancien chef paramilitaire malgré les restrictions en vigueur contre le coronavirus, a ajouté de l'huile sur le feu.

Le porte-parole de la Commission européenne, Daniel Ferrie, a déclaré que l'UE était «prête à trouver des solutions rapides et pragmatiques», mais souligné que les deux parties devaient respecter le protocole.

Au total, 88 policiers ont été blessés, dont 14 la nuit de vendredi à samedi a indiqué le service de police d'Irlande du Nord (PSNI).

«Nous avons le devoir, pour la génération de l'accord et pour les générations futures, de ne pas rentrer dans une spirale ramenant vers l'époque sombre des meurtres sectaires et des discordes politiques», a averti le Premier ministre Micheal Martin dans un communiqué.

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