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Coronavirus en Inde : pourquoi la situation sanitaire dégénère-t-elle ?

Le deuxième pays le plus peuplé au monde fait face à un rebond dramatique de l’épidémie de Covid-19. En Inde, les contaminations explosent, la campagne de vaccination reste lente, et un nouveau variant fait craindre le pire.

Depuis près d’une semaine, l’Inde recense plus de 200.000 contaminations quotidiennes. Les contaminations ont plus que doublé en l’espace d’une semaine. Selon les données de Covid Tracker, le pays dénombre désormais plus de 15 millions de cas au total, et plus de 177.000 morts, pour 1,3 milliard d’habitants. Des chiffres qui restent cependant à nuancer, compte tenu de la population de l’Inde. Le ratio nombre de morts en fonction de la population reste moins élevé que la France (100.000 morts pour 67 millions d’habitants), les États-Unis (500.000 morts pour 300 millions d’habitants) ou le Brésil (300.000 morts pour 200 millions d’habitants). Mais selon plusieurs scientifiques, les données indiennes pourraient être largement sous-estimées, car l’Inde n’est pas en capacité de faire tester toute sa population.

L’épidémie se propage très rapidement dans les grandes villes, comme Bombay ou New Delhi, qui cumulent à elles deux plus de 40 millions d’habitants. Un confinement d’une semaine a par ailleurs été décrété par les autorités locales dans la capitale indienne New Delhi, pour réduire la pression dans les hôpitaux. «Si nous n'imposons pas maintenant un confinement, nous allons au-devant d'une catastrophe encore plus grande. Un confinement va débuter ce soir, jusque lundi prochain», a déclaré le chef du gouvernement local Arvind Kejriwal, pour qui le système de santé indien est «proche de ses limites», à cause du manque d’oxygène et de médicament pour soigner les malades. Dans l’État du Maharashtra, où se situe Bombay, les autorités locales ont aussi décrété un confinement le weekend durant tout le mois d’avril.

La Vaccination encore trop faible

Parmi les craintes des médecins et des scientifiques : le festival religieux de Kumbh Mela, qui a débuté en janvier, et qui attire des millions de pèlerins chaque année dans le nord de l’Inde, autour du Gange, le fleuve sacré, dans lequel les Hindous plongent pour se purifier. Un festival qui prendra fin le 27 avril prochain, et les scientifiques craignent que les millions de visiteurs  participent à une immense propagation du virus à travers toute l’Inde, en rentrant de leur pèlerinage. Plusieurs meetings politiques organisés dans certains États pour les élections régionales sont aussi sous le feu des critiques. 

Des craintes également alimentées par les difficultés à vacciner en Inde, qui possède pourtant le plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute. Dans ce pays qui se targuait d'être le «plus rapide»  à atteindre les 100.000 injections, la campagne reste lente pour vacciner son immense population. Selon les données de Covid Tracker, environ 7% de la population indienne a reçu au moins une dose de vaccin, bien loin derrière Israël, champion de la vaccination avec 61% de vaccinés. Environ 100 millions de personnes ont été vaccinées en Inde, ce qui reste loin des objectifs du gouvernement, comme le rappelle l’AFP, qui prévoyait au moins 300 millions de vaccinés pour le mois de mai.

Plusieurs États font aussi face à des ruptures de stocks de vaccins. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Inde a autorisé la semaine dernière en urgence le vaccin russe Spoutnik V, qui vient s’ajouter à Covishield (version d’AstraZeneca produite en Inde), et de Covaxin (vaccin indien produit par Bharat Biotech).

un variant qui inquiète

Autre inquiétude des scientifiques et des autorités : la propagation d’un variant indien, le B.1.617, qui porte une recombinaison de deux mutations. Découvert en octobre dernier en Inde, il n’avait pas alerté les autorités, car la formation de variants reste totalement normal pour des virus. Mais comme l’indique le journal Le Monde, ce variant indien représente aujourd'hui environ 55% des cas à Bombay, et a une prévalence moyenne de «2 à 10%» pour le reste du pays.

Un variant qui se propage vite donc, mais les autorités ne savent pas encore s’il est potentiellement plus dangereux ou résistant aux vaccins. Les médecins constatent cependant qu’à Bombay, les malades de moins de 45 ans qui souffrent de formes graves sont plus nombreux. Il encore trop tôt pour établir un lien entre le rajeunissement des patients et les variants en circulation, mais des études sont en cours. Les scientifiques ont aussi constaté que ce variant était moins bien détecté par les tests PCR, indique France info, mais que seul un scanner pouvait le repérer, ce qui participe à la propagation accrue du virus.

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