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«Je me suis sentie blessée» : Ursula von der Leyen revient sur le «sofagate»

Ursula von der Leyen a dénoncé le traitement sexiste dont elle a fait l'objet.[Kenzo TRIBOUILLARD / AFP]
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Elle n'a toujours pas digéré. Trois semaines après l'incident protocolaire dont elle a été victime en Turquie, baptisée le «sofagate», la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est revenue lundi sur cette affaire, à l'occasion d'un débat au Parlement européen. Dans un plaidoyer féministe, elle a fait part de son ressentiment et dénoncé le traitement sexiste dont elle a fait l'objet.

«Je suis la première femme présidente de la Commission européenne et je souhaite être traitée comme présidente de la Commission. A Ankara, cela n'a pas été le cas et c'est arrivé parce que je suis une femme», a cinglé la dirigeante allemande devant les députés européens à Bruxelles. «Je me suis sentie blessée et je me suis sentie seule en tant que femme et en tant qu'Européenne», a-t-elle lancé à l'adresse du président du Conseil européen Charles Michel, accusé de ne pas avoir réagi.

Le 6 avril dernier, au cours d'une visite en Turquie, ce dernier et le président turc Recep Tayyip Erdogan avaient pris place sur les deux seuls fauteuils disponibles, laissant Ursula von der Leyen debout. La présidente de la Commission avait alors été contrainte de s'asseoir dans un divan à l'écart pendant toute la réunion. La scène avait été filmée, suscitant la polémique et dégradant les relations entre les deux chefs de l'UE.

«Il ne s'agit pas d'une question de protocole. Cela touche au plus profond de nos valeurs et montre le chemin qui reste à parcourir encore pour que les femmes soient traitées comme des égales», a insisté Ursula von der Leyen dans un discours offensif, défendant la place des femmes dans la société.

Appel à ratifier la Convention d'Istanbul

De son côté, devant les eurodéputés, Charles Michel a de nouveau exprimé ses «regrets», assurant comprendre que la situation a pu «offenser beaucoup de femmes». Se défendant de tout sexisme et répétant que la faute en revenait aux équipes protocolaires, il a expliqué s'être engagé avec Ursula von der Leyen à ce que cet incident «ne puisse plus se reproduire». Le dirigeant belge a par ailleurs listé tous les chantiers en faveur des femmes qu'il compte lancer, notamment sur l'égalité salariale.

Ursula von der Leyen a profité de son discours empreint de féminisme pour appeler les Etats membres de l'UE à ratifier la Convention d'Istanbul contre les violences faites aux femmes, car «elles sont un crime et il doit être puni», a-t-elle martelé. Un traité dont la Turquie vient de se retirer, un «signal terrible» selon la dirigeante de 62 ans, faisant le lien entre cette décision et le «sofagate». Par ailleurs, elle a réclamé que «le respect des droits des femmes» soit «un préalable à la reprise du dialogue avec la Turquie», menaçant de détériorer encore des relations déjà tendues avec Ankara. Ce sujet sera au menu d'un sommet européen en juin prochain.

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