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Israël : pourquoi la ville de Jérusalem est-elle le théâtre de heurts depuis plusieurs jours ?

Certains manifestants ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre Certains manifestants ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre. [EMMANUEL DUNAND / AFP]

Gaz lacrymogène, jet de pierres, grenades assourdissantes... Depuis plusieurs jours, Jérusalem-Est connaît une montée des violences qui a fait des dizaines de blessés, dont plusieurs mineurs.

L'origine de cette hausse des tensions vient du quartier de Cheikh Jarrah. Des manifestations de Palestiniens y ont lieu depuis quelques jours pour protester contre l'éviction de familles arabes au profit de colons israéliens. Pas moins de 70 habitants sont concernés. Pendant ces rassemblements, des projectiles ont été lancés contre les forces de l'ordre. Dans ce contexte, l'accès à la vieille ville a été limité pour empêcher «des émeutes violentes», d'après les autorités.

Cependant, des protestataires ont clamé que les policiers souhaitaient avant tout leur interdire l'accès de la mosquée Al-Aqsa en plein ramadan. L'esplanade des mosquées a d'ailleurs été l'un des principaux théâtres d'affrontements ce 7 mai. La police a utilisé des grenades assourdissantes dans les salles de prières pour faire évacuer les lieux et a tiré avec des balles en caoutchouc. Jusqu'à 205 fidèles auraient été blessés, d'après le Croissant-Rouge, contre 18 policiers du côté des forces de l'ordre. 

Si le dossier des évictions de Cheikh Jarrah est une telle source de colère, c'est que la Cour suprême israélienne avait initialement prévu de se prononcer sur le sujet ce lundi 10 mai. Le Hamas, mouvement islamiste qui domine la bande de Gaza, a d'ores et déjà menacé le pays d'attaques si jamais les Palestiniens étaient bien expulsés du quartier. Ce 9 mai, une roquette a d'ailleurs a été tirée depuis l'enclave au sud du pays, ce à quoi Israël a répondu par une frappe aérienne contre un «poste militaire du Hamas». 

Face à ces violences, qui pourraient donc encore s'accentuer dans les jours à venir, plusieurs pays, des ONG ou encore le Pape ont appelé au calme et à la retenue. C'est notamment le cas des Etats-Unis, qui ont demandé aux deux camps d'«agir pour mettre un terme à la violence». Washington a également fait part de son «inquiétude» concernant les évictions.

Une date spéciale en Israël

À noter que ce ne serait pas la première fois que ces expulsions dans le quartier de Cheikh Jarrah causent des émois. En 2010 déjà, l'ONU expliquait dans un rapport que le «déplacement forcé des familles palestiniennes à Jérusalem-Est continue d'être un sérieux problème humanitaire». Comme l'explique The Times of Israel, la justice s'appuie sur une loi de 1970 qui permet à des Israéliens de revendiquer des propriétés à Jérusalem-Est s'ils peuvent prouver que leur famille y vivait avant la guerre et la partition de 1948.  

Dans une tentative de calmer les tensions, Benjamin Netanyahou et le ministre de la Justice Benny Gantz ont oeuvré pour repousser la décision de la Cour suprême. Un report finalement acté par la justice. «A la lumière du contexte actuel, et à la demande du procureur général, l'audience prévue [lundi] a été annulée», a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué, précisant qu'une nouvelle date allait être annoncée «d'ici aux 30 prochains jours».

Une décision d'autant plus attendue que la date du 10 mai est explosive, puisque c'est à cette occasion que les Israéliens célèbrent la réunification de Jérusalem, lorsque le pays a conquis les quartiers palestiniens en 1967. Comme le rappelle Le Monde, des colons religieux en profitent pour défiler dans la vieille ville. Mais au vu des affrontements des derniers jours, il n'est pas assuré que le fait de repousser le verdict de la Cour suprême suffise à calmer les esprits pour cet anniversaire particulier. 

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