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Art : Une œuvre invisible vendue 15.000 euros aux enchères

Cette «sculpture immatérielle» vendue 15.000 euros est l’œuvre de l’artiste italien Salvatore Garau. Cette «sculpture immatérielle» vendue 15.000 euros est l’œuvre de l’artiste italien Salvatore Garau. [Capture d'écran Instagram / salvatore_garau]

Sans doute une première dans l'histoire de l'art. Une œuvre invisible de l'artiste italien Salvatore Garau a été vendue aux enchères le 18 mai dernier à Milan. Cette «sculpture immatérielle», baptisée «Io Sono» («Je Suis»), est partie pour la coquette somme de 15.000 euros.

Soit plus de deux fois son prix de départ, estimé à 6.000 euros. L'acquéreur, dont l'identité est inconnue, a en échange reçu un simple certificat de garantie et d'authenticité de la part de la maison de vente Art-Rite, accompagné d'une «représentation» de l'œuvre : un espace blanc absolu. Il a également été précisé que la «sculpture», même si elle est invisible, avait des dimensions (150 cm sur 150 cm) et devait être installée au sein d'une résidence privée, dans un espace vide.

Salvatore Garau, diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Florence en 1974 et dont les œuvres «matérielles» ont été exposées dans le monde entier, réfute toute blague ou canular. Derrière ses sculptures immatérielles - «Io Sono» est sa deuxième, après «Buddha in contemplazione» («Bouddha en contemplation»), exposée en février dernier sur la Piazza della Scala à Milan -, se cache un vrai message.

«Le vide n'est rien d'autre qu'un espace plein d'énergie, et même si nous le vidons et qu'il ne reste plus rien, selon le principe d'incertitude de Heisenberg, ce rien a un poids», explique l'artiste contemporain sarde de 67 ans. «Quand je décide d'exposer une sculpture immatérielle dans un espace donné, ce lieu va concentrer une certaine quantité et densité de pensées en un point précis, créant une sculpture qui prendra les formes les plus variées», ajoute-t-il, osant une comparaison avec la religion. «Ne donnons-nous pas une forme à un Dieu que nous n'avons jamais vu ?»

«La parfaite métaphore de notre époque»

Selon Salvatore Garau, ses œuvres sont également «la parfaite métaphore de notre époque», explique-t-il au quotidien italien L'Unione Sarda. «Nous vivons à une époque où notre physicalité, notre être présent, est remplacé par notre image virtuelle et notre voix (qui est aussi impalpable).» Par ailleurs, elles ont un impact environnemental nul, souligne-t-il.

La troisième œuvre immatérielle de l'artiste italien, intitulée «Afrodite piange» («Aphrodite pleurant»), vient d'être «installée» à New York, devant le Federal Hall. «J'ai déjà reçu des propositions d'autres villes dans le monde», affirme Salvatore Garau à L'Unione Sarda. «Mon idée est d'exposer sept sculptures invisibles dans autant de villes», car, indique-t-il, «sept est un chiffre plein de symboles et de significations».

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