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Israël : un nouveau gouvernement historique mais très fragile

De gauche à droite : Yaïr Lapid, Naftali Bennett et Mansour Abbas De gauche à droite : Yaïr Lapid, Naftali Bennett et Mansour Abbas. [United Arab List Raam / AFP]

Il a réussi son pari. Ce 2 juin, Yaïr Lapid, centriste assumé, a annoncé avoir trouvé un accord pour former un gouvernement et ravir le siège de Premier ministre à Benjamin Netanyahou en Israël. Reste maintenant à gouverner, ce qui pourrait très vite s'avérer complexe au vu de la coalition fragile qui a été constituée.

Car pour mettre le leader du Likoud à la porte, Yaïr Lapid s'est allié avec Naftali Bennett, nationaliste religieux en faveur de l'annexion d'une partie de la Cisjordanie, ainsi qu'avec Mansour Abbas, dirigeant du parti Raam. Cette formation politique est la première arabe israélienne depuis 1992 à soutenir un gouvernement de l'Etat hébreu, sans pour autant y participer. Outre ces trois hommes forts, l'alliance est également composée d'autres mouvements, dont certains se situent sur la gauche de l'échiquier politique. 

Ensemble, ils promettent une «coalition du changement». Une promesse déjà en partie tenue avec la mise à l'écart de Benjamin Netanyahou, Premier ministre du pays depuis 12 ans. Pour ce qui est en revanche de la politique tenue par ce gouvernement, il est très difficile d'anticiper la direction prise, en raison des vues fondamentalement différentes des membres. Que ce soit sur l'économie, le processus de paix avec les Palestiniens, la religion ou les droits sociaux, les sujets de discorde devraient être nombreux dès les premiers jours. 

Selon Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University de Tel-Aviv, la seule chose qui pourrait empêcher l'alliance d'imploser trop rapidement est d'empêcher Benjamin Netanyahou de «revenir s'il est chef de l'opposition». La première étape sera en premier lieu de faire valider l'accord par un vote du Parlement. Si tout se passe comme prévu, 61 députés au moins sur 120 devraient le soutenir. La presse israélienne assure cependant que le Likoud de Benjamin Netanyahou travaille d'arrache-pied pour obtenir des défections dans le camp adverse. 

Une nouvelle ère en Israël

De son côté, l'alliance prévoit de nommer Premier ministre pendant deux ans Naftali Bennett, avant que Yaïr Lapid ne prenne sa place jusqu'à la fin du mandat. Le premier nommé réussirait donc l'exploit de devenir chef du gouvernement en n'ayant remporté que 7 sièges lors des élections législatives. C'est d'ailleurs l'un des points d'attaque de Benjamin Netanyahou. 

Il est à noter que l'accord contre ce dernier n'a pas été le seul événement politique de la journée ce 2 juin. Le Parlement israélien a ainsi nommé Isaac Herzog, du parti travailliste, comme président de l'Etat. Reuven Rivlin laissera donc sa place le 9 juillet prochain à ce poste largement honorifique après avoir épuisé son mandat de 7 ans. Sa principale tâche sera, à l'avenir, de nommer une personne qui aura la charge de former un gouvernement. Sauf effondrement de l'alliance, cela ne devrait pas avoir lieu avant 2025. Une éventualité à ne pas mettre de côté cependant, d'autant que, depuis deux ans, rien ne se passe exactement comme prévu dans la vie politique israélienne. 

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