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Camille Romain des Boscs : «Des millions de personnes souffrent de la faim à cause du réchauffement climatique»

Sécheresse, criquets, ouragans... Les phénomènes climatiques exacerbent l'insécurité alimentaire dans certaines régions du monde. [ZINYANGE AUNTONY / AFP]

Ce 5 juin marque la journée mondiale de l'environnement. Alors que le réchauffement climatique se veut de plus en plus présent dans le quotidien, l'ONG Visions du Monde met en lumière l'une des conséquences de la crise : l'insécurité alimentaire grandissante. Camille Romain des Boscs, directrice générale de l'organisation en France, explique cependant que des solutions existent pour soulager les populations concernées.

Le réchauffement climatique est souvent vu comme un problème du futur, avec des échéances à 2030, 2050... Vous n'êtes pas de cet avis. 

Absolument. Vision du monde est présente à l'international, et voit déjà les conséquences. Des millions de personnes souffrent de la faim à cause de l'intensification des phénomènes climatiques, que ce soit des ouragans, des sécheresses, des glissements de terrain... Les récoltes se retrouvent ravagées ou les habitants sont obligés de fuir. Un exemple très précis est l'invasion extrême des criquets pèlerins qui sont venus saccager des hectares et des hectares de récoltes dans la corne de l'Afrique. Sur place, 7 millions de personnes sont au bord de la famine. 

Pourquoi les populations pauvres sont-elles les premières touchées par la famine liée au réchauffement climatique ?

75% des personnes les plus pauvres dans le monde vivent de l'agriculture. Elles sont du coup les plus touchées car lorsqu'elles perdent leurs récoltes, elles ne peuvent plus nourrir leur famille et en particulier leurs enfants. D'autant qu'elles ne participent pas directement au dérèglement climatique et que la pandémie de coronavirus a exacerbé cette question. 

Pour lutter contre le réchauffement climatique, beaucoup de projets de plantation de forêts voient le jour. Mais Vision du Monde défend une pratique particulière. 

Les forêts sont essentielles à la vie humaine, et nous proposons une approche pragmatique. Plutôt que de planter des arbres, nous utilisons des techniques pour régénérer les zones désertiques, en permettant notamment aux souches d'arbres de se développer. Cette stratégie a été imaginée par Tony Rinodo, prix Nobel alternatif en 2018, et est aujourd'hui utilisée dans 25 pays différents en Afrique et en Asie. Reboiser permet à l'eau de revenir, et donc à l'agriculture de repartir et de nourrir les populations. C'est un cercle vertueux à moindre coût. 

Est-ce que d'autres solutions existent, puisque la crise climatique ne semble pas sur le point de se régler ? 

Nous travaillons avec les populations pour améliorer les conditions de vie des enfants, notamment dans l'accès à l'eau potable. Nous formons également à des pratiques pour que les agriculteurs puissent faire face aux chocs climatiques en créant par exemple des banques de céréales afin qu'ils ne soient pas démunis en cas de perte de leur récolte. Nous faisons attention à ce que ces pratiques ne viennent pas dégrader les sols. 

Emmanuel Macron a récemment parlé d'un «plan Marshall» pour l'Afrique. De quel oeil voyez-vous cette idée ? 

Plusieurs acteurs comme Vision du Monde poussent cette question climatique et veulent faire connaître les solutions pratiques. On espère que les ONG seront consultées et entendues car nous sommes au plus près des populations concernées. 

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