En direct
A suivre

Le « Tribunal Ouïghour » s’est ouvert vendredi à Londres

Ce vendredi 4 juin a débuté à Londres un procès important pour la communauté des Ouïghours.[Ozan KOSE / AFP]

Ce vendredi 4 juin a débuté à Londres un procès important pour la communauté des Ouïghours. Durant quatre jours, des témoignages sont recueillis par un groupe d’avocats et d’experts en droits humains qui enquêtent sur le traitement subit par cette minorité musulmane établie en Chine.

D’après l’AFP, neuf membres composent cette équipe du «Tribunal ouïgours». Cependant, il s’agit d’un procès informel en raison de l’absence de toute autorité judiciaire. Aucun gouvernement n’y est affilié et la Chine a refusé d’y participer. Mais pour Sir Geoffrey Nice, celui qui préside ces auditions, «il est improbable que les allégations portées contre la Chine soient contestées devant la Cour pénale internationale, c’est pourquoi ce tribunal a été créé».

En effet, lors de cet événement, les crimes orchestrés par la Chine à l’égard de cette communauté musulmane sont entendus. Ce tribunal a pour objectif de mettre la lumière sur les tortures, les stérilisations, les travaux forcés et les viols, qu’ont subi de nombreux ouïgours de la région de Xinjiang, dont nombreux sont parqués dans des camps.

À l’issue de ces auditions, l’organisation rendra un rapport en décembre prochain qui statuera sur la position de Pékin. Elle évaluera l’implication et la responsabilité à savoir si la capitale chinoise est coupable de génocide et de crime contre l’Humanité à l’encontre des Ouïghours et d’autres minorités musulmanes de Chine. «L’organisation espère ainsi attirer l'attention internationale et entraîner de possibles actions» d’après l’AFP.

Pour sa part, Pékin a dénoncé le «Tribunal ouïghour» comme étant une «machine à mensonge», et le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin a critiqué «ce pseudo-tribunal» qui n'a rien à voir avec la loi. Selon lui, «c'est détourner le nom de "Tribunal" pour s'engager dans des politiques anti-chinoises et de la manipulation de l'opinion publique». Malgré tout, Sir Geoffrey Nice a fait savoir que «les allégations portées contre la Chine sont graves et comportent de nombreuses violations de la déclaration des droits humains de l’ONU ».

Premières auditions 

Parmi les premiers témoignages, Qelbinur Sidik, une ancienne professeure de mandarin ouzbèke est revenue sur son expérience à travers un bouleversant récit. Forcée d’enseigner la langue du pays par le parti communiste dans deux des camps de «rééducation», ses soit-disants élèves étaient enchainés, témoigne t-elle. «La police, les gardiens du camps ne voyaient pas les prisonniers hommes comme des être humains", a-t-elle expliqué avant d’ajouter, "ils prenaient plaisir à voir leurs humiliations et leurs souffrances ».

Stérilisée de force tout comme d’autres femmes, elle raconte que certaines «étaient non seulement torturées, mais elle subissaient aussi des viols, parfois collectifs». Grâce à l’obtention d’un visa, Qelbinur Sidik a réussi à fuir la Chine mais elle insiste sur le fait qu’elle n’oubliera jamais «les choses auxquelles elle a assisté et qu’elle a subi».

Alors que des experts étrangers ont dénoncé plus d’un million de Ouïghours détenus dans des camps de «rééducation» dont certains sont soumis à du travail forcé, de son côté Pékin continue de démentir cette situation, en prétextant vouloir les éloigner du terrorisme et du séparatisme.

 

Bien que le «Tribunal ouïghour» promet de rester «impartial» et gouverné par les «preuves», ces auditions sont tout de même une étape importante pour la communauté des Ouïghours. Dilnur Reyhan, la présidente de l’Institut Ouïghour d’Europe, a ainsi qualifié cette nouvelle de « jour historique» à travers Instagram.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités