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Famine à Madagascar : des familles obligées de se nourrir d'insectes et de cuir

Le sud de Madagascar est très touché par la famine (photo illustration)[Rijasolo / AFP]

Des criquets, des feuilles de cactus, voire des lanières de cuir. Voilà à quoi ressemblent les repas de milliers de Malgaches depuis déjà plusieurs semaines. Dans le sud du pays, la famine fait des ravages.

Plus d'un million d'habitants souffrent actuellement de la faim. 14.000 d'entre eux ont même atteint le niveau cinq, soit «la catastrophe, quand les gens n'ont plus rien à manger», a expliqué Moumini Ouedraogo, responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) sur l'île. 

En cause : la sécheresse. Il s'agit de la pire connue par Madagascar depuis quarante ans, aggravée par le réchauffement climatique. La sécheresse a «anéanti les récoltes», selon l'ONU, et les tempêtes de sable ont transformé de vastes étendues de terres arables en friches. «Nous avons planté mais il n'y a pas eu de pluie», a témoigné Sinazy, mère de huit enfants, auprès de l'AFP. «Tout ce qui est planté meurt. Nous n'avons plus rien.»

Sur cette île très dépendante de l'agriculture, la faiblesse des récoltes a des conséquences dramatiques. «Dans cette région (...) ils vivent des petits agriculteurs, les repas sont faits maison, mais avec la sécheresse, les gens ne peuvent pas survivre», s'est alarmé David Beasley, directeur du PAM, après s'être rendu sur place. Il a notamment comparé la situation à «un film d'horreur» qui fait «monter les larmes aux yeux des humanitaires les plus endurcis». 

Première famine due au réchauffement climatique

Madagascar est le tout premier pays à subir la faim à cause des sécheresses provoquées par le réchauffement climatique. «Les Malgaches n'ont contribué en rien au dérèglement du climat», a dénoncé Lola Castro, directrice régionale du PAM pour le sud de l'Afrique. «Pourtant ce sont eux qui en paient le prix.»

L'île est gangrénée par la malnutrition depuis plusieurs années. Seize crises alimentaires ont été recensées depuis 1896, le sud étant à chaque fois la région la plus touchée. Le président Andry Rajoelina a annoncé le lancement de «141 projets d'envergure» dans les secteurs de l'agriculture, de l'accès à l'eau et de la santé, mais ils pourraient être insuffisants face à l'ampleur de la crise. 

L'ONU estime avoir besoin de 67 millions d'euros pour stopper la famine. D'autant plus que la période de soudure, soit le laps de temps entre la fin des dernières récoltes et les récoltes suivantes, approche, et risque d'aggraver la situation. La PAM et les autorités n'ont pas communiqué sur le nombre de morts. Mais ces derniers mois, l'AFP a recensé au moins 340 décès dus à la famine auprès des municipalités. 

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