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Tunisie : tout comprendre à la crise politique qui secoue le pays

Une nouvelle qui a pris tout le monde par surprise. Ce 25 juillet en Tunisie, le président Kais Saied a pris une série de mesures vécues comme une attaque contre la démocratie par une partie du peuple et des pays étrangers. Au lendemain de ces décisions controversées, le dirigeant a limogé le ministre de la Défense.

Une prise de pouvoir présidentielle 

Dimanche soir, Kais Saied a pris la décision de suspendre les travaux du Parlement tunisien pendant 30 jours, limogé le chef du gouvernement et s'est approprié le pouvoir exécutif. L'immunité des parlementaires a également été levée. Des mesures qui sont intervenues après une manifestation qui visait le parti islamiste Ennahdha ainsi que le Premier ministre Hichem Mechichi, soutenu par la formation politique. Les contestataires demandaient la dissolution de l'Assemblée alors que le pays est bloqué dans une lutte des pouvoirs en pleine crise sanitaire.

Le président a cependant expliqué que «la Constitution ne permet pas» de renvoyer les parlementaires. Ses décisions ont été acceptées avec joie par une partie du peuple, à commencer par l'Union générale des travailleurs tunisiens, puissante organisation syndicale. Cette dernière a expliqué que les décisions étaient «conformes» à la Constitution. En revanche, le parti politique Ennahdha a dénoncé un «coup d'Etat contre la révolution»

Lundi, le chef d'Etat a annoncé dans un communiqué lapidaire le limogeage du ministre de la Défense Ibrahim Bartaji, et celui de la porte-parole du gouvernement Hasna Ben Slimane, qui est également ministre de la Fonction publique, et de la Justice par intérim.

Une défaite du Printemps arabe en Tunisie? 

Cette démonstration de force de la part du président tunisien face aux élus parlementaires inquiète, d'autant plus que le pays faisait figure d'exemple dans la région. Après le Printemps arabe, qui avait vu l'autocrate Zine el Abidine Ben Ali quitter le pouvoir en 2011, la Tunisie était perçue comme la seule à avoir réussi une transition démocratique. 

Les annonces de Kais Saied semblent donc remettre en cause les avancées obtenues pendant la révolution, et font craindre un recul majeur sur les libertés. Une inquiétude qui s'est amplifiée avec l'expulsion des journalistes de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera à Tunis ce 26 juillet. Le directeur du bureau, Lofti Hajji a déclaré : «c'est une preuve que la liberté de la presse est menacée. Aujourd'hui c'est Al-Jazeera, un autre jour un autre média». 

Réactions à l'étranger 

Dans le reste du monde, les différents pays prennent prudemment la parole pour demander un retour à la normale. C'est notamment le cas de la France, puisque le Quai d'Orsay a appelé au «retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions». Même son de cloche aux Etats-Unis ou du côté de l'Union européennes, qui demandent respectivement à ce que les «principes démocratiques» et le «respect de la Constitution, des institutions et de l'Etat de droit» soient appliqués. 

Tous, de Washington à Moscou en passant par Doha ou encore Ankara, se montrent inquiets concernant une escalade de violence dans le pays. Les ONG des droits humains ont également pris la parole, à commencer par Reporters sans frontières après la fermeture du bureau d'Al-Jazeera. Amnesty International a de son côté fait part de ses préoccupations face aux «menaces du président de recourir à la force contre "ceux qui menacent la sécurité de l'Etat"». 

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