Le chanteur R.Kelly, connu dans le monde entier pour son tube «I Believe I Can fly», a été décrit mercredi 17 août, en «prédateur» par l'accusation au premier jour de son procès pour abus sexuels à New York.
Après avoir longtemps échappé à la justice, la star déchue du R&B doit désormais rendre des comptes. L'homme de 54 ans est jugé pour extorsion, exploitation sexuelle de mineure, enlèvement, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018.
Le vainqueur de trois Grammy Awards en 1998 est accusé d'avoir dirigé un réseau qui recrutait et préparait des jeunes filles à avoir des relations sexuelles avec lui, les enfermant dans leurs chambres d'hôtels quand il était en tournée, leur demandant de porter des vêtements amples quand elles n'étaient pas avec lui, de «garder la tête baissée» et de l'appeler «papa» («daddy»). Au total, le chanteur aurait abusé de six femmes, dont des mineures.
«TOUTES LES TECHNIQUES DU PRÉDATEUR»
La première victime présumée appelée à témoigner à la barre par le bureau du procureur, identifiée sous le nom de Jerhonda, a ainsi affirmé que le chanteur filmait leurs relations sexuelles quand elle n'avait que 16 ans, soit en dessous de l'âge du consentement aux Etats-Unis. La femme aujourd'hui âgée de 28 ans a expliqué que R. Kelly lui avait dit qu'il allait la «former pour le satisfaire sexuellement».
La procureure Maria Cruz Melendez a décrit un système sophistiqué, dans lequel R. Kelly aurait usé de «toutes les techniques du prédateur» pour approcher les mineures ou leurs familles, mais aussi utilisé son entourage (gardes du corps, chauffeurs, avocats, comptables) pour se protéger, à coups de menaces notamment.
De dix ans à la prison à vie
La procureure a aussi évoqué le cas de Sonia, 22 ans à l'époque des faits, en 2003, stagiaire dans une radio qui espérait obtenir une interview du chanteur après l'avoir rencontré à Salt Lake City. Selon l'accusation, la jeune femme a été emmenée à Chicago, où elle a été enfermée dans une pièce pendant trois jours et a été abusée sexuellement par le chanteur, puis menacée pour qu'elle ne parle pas.
S'il est reconnu coupable de toutes les charges par le jury, sept hommes et cinq femmes sélectionnés la semaine dernière, le chanteur, actuellement en détention provisoire, risque de dix ans à la prison à vie.
le chanteur plaide non coupable
R.Kelly a plaidé non coupable de l'ensemble des faits qui lui sont reprochés. «Vous allez entendre toute l'histoire dans son ensemble et justice sera rendue», a promis l'une de ses avocates, Nicole Blank Becker. Devant le tribunal, elle a soutenu que toutes les relations sexuelles étaient «consenties». «Il n'a recruté personne... C'était des fans, qui venaient vers lui», a affirmé l'avocate.
Pendant plus de 25 ans, le chanteur originaire de Chicago a dominé la scène R&B malgré une réputation sulfureuse et des accusations d'abus sexuels. Un procès en 2008 pour pédopornographie s'était terminé par un acquittement.