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«Striketober» : les Etats-Unis frappés par une vague de grèves nationale

Les travailleurs demandent de meilleures conditions de travail Les salariés demandent de meilleures conditions de travail. [SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Une tension sociale évidente. Depuis plusieurs semaines, de nombreux corps de métier décident de passer par la grève pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail aux Etats-Unis.

Le mouvement a pris une telle ampleur qu'il a déjà un nom : striktober (contraction de «strike», qui signifie grève, et «october» en référence au mois de l'année). Résultat, des entreprises internationalement connues comme Kellogg's ou des hôpitaux voient leurs employés se soulever. Le 14 octobre, ce sont par exemple quelque 10.000 travailleurs syndiqués qui ont arrêté de travailler pour l'entreprise John Deere, spécialisée dans la confection de matériel agricole. En tout, plus de 100.000 salariés sont concernés. 

Des politiciens ont relayé ces appels à la grève, comme Alexandria Ocasio-Cortez, représentante de New York. «Après des années à être mal desservis et considérés comme acquis, et encore plus pendant la pandémie, les travailleurs autorisent des grèves dans tout le pays. (...) Bien.», écrit-elle sur son compte Twitter. 

De nombreux salariés assurent qu'avec l'épidémie, leurs conditions de travail ont largement régressé, alors que leurs entreprises se portent de mieux en mieux. Au second trimestre de 2020, les profits des sociétés américaines ont en effet augmenté de 9,2%, pour atteindre un record de 2.800 milliards de dollars. 

Ce genre d'événement n'est pas courant aux Etats-Unis. Le recours à la grève était d'ailleurs de moins en moins utilisé dans le pays. Comme l'explique le magazine In These Times, orienté à gauche, il n'y a eu que 7 grèves recensées en 2017, comptant 25.000 travailleurs, contre plus de 187 en 1980. Ce mois d'octobre est donc particulier. 

Un marché du travail plus tendu

L'une des explications concerne le marché du travail. En effet, il est de plus en plus compliqué pour les entreprises de trouver des salariés dans le pays, alors que de nombreux citoyens n'hésitent plus à quitter leurs postes s'ils ne sont pas satisfaits des conditions de travail. Un mouvement qui a été surnommé «The Big Resignation», «la grande démission» en français. Sur le seul mois d'août, 4,3 millions d'Américains ont ainsi quitté leur emploi. 

Face à ces difficultés pour embaucher et conserver les salariés, les employés ont donc un avantage de taille. Ils peuvent utiliser la grève comme levier, sans trop craindre d'être, à terme, sanctionnés par la hiérarchie. «Il y a une pénurie de salaire, une pénurie de prime de risque, une pénurie de garde d'enfants, une pénurie de congés maladie et une pénurie de système de santé. Si ces pénuries ne sont pas rectifiées, de nombreux Américains ne retourneront pas travailler de sitôt», a prédit Robert Reich, ancien secrétaire au Travail sous la présidence de Bill Clinton, dans une tribune publiée par le Guardian.

De quoi laisser entrevoir une situation durable, qui pourrait parasiter le fonctionnement du pays, et les projets de l'administration Biden. Le président américain ne pourra que difficilement inciter les salariés à retourner au travail sans les soutenir. En effet, il avait promis d'être le «président le plus pro-syndicat» de l'histoire. 

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