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Biélorussie : en conflit avec l'UE, le président Loukachenko reçu aujourd'hui par Vladimir Poutine

Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko (à droite sur la photo) doit rencontrer Valdimir Poutine aujourd'hui, à Saint-Pétersbourg. [MAXIM SHIPENKOV / POOL / AFP]

Alors que le torchon brûle depuis de longs mois entre la Biélorussie et l'Union européenne, le président de ce pays d'Europe orientale, Alexandre Loukachenko, se rend en Russie ce mercredi 29 décembre. Il doit y rencontrer Vladimir Poutine, son homologue russe, à Saint-Pétersbourg.

Tous deux sont dans le collimateur de l'UE, notamment en raison de la situation migratoire difficile à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne.

Plusieurs milliers de personnes, originaires principalement de pays du Proche-Orient, ont en effet afflué récemment dans cette zone, réveillant la crainte en Europe d'une crise migratoire de grande ampleur.

Les derniers chiffres de la Commission européenne, arrêtés fin novembre, faisaient état de près de 8.000 migrants en provenance de Biélorussie arrivés sur le territoire de l'UE en 2021. Soit 4.285 en Lituanie, 3.255 en Pologne et 426 en Lettonie.

Au pouvoir depuis 1994, Alexandre Loukachenko est accusé par Bruxelles d'avoir attiré ces migrants depuis l'été et d'avoir lui-même participé à leur acheminement aux frontières de l'Union européenne, leur délivrant des visas et les conduisant vers la Pologne mais aussi vers la Lituanie. Les Etats membres soupçonnent le président biélorusse d'avoir ainsi voulu se venger des sanctions occidentales prises contre son régime autoritaire, notamment après la répression du mouvement de contestation historique ayant suivi sa réélection, en 2020.

La France fait partie de ceux qui dénonce cette situation. Le 27 octobre dernier, face à la commission des Affaires européennes du Sénat, Clément Beaune, secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, déplorait un «trafic d'êtres humains [...] organisé par la famille Loukachenko elle-même, directement, avec des pays tiers, en tout cas avec des vols commerciaux et des circuits organisés».

Dans cette affaire, Vladimir Poutine est accusé d'avoir aidé Minsk à orchestrer cet afflux migratoire. A l'image de son homologue biélorusse, le président russe nie, renvoyant la responsabilité aux «pays occidentaux» et à leurs interventions militaires au Moyen-Orient.

Plusieurs vols de rapatriement ont été affrétés pour ramener ces migrants dans leurs pays d'origine, mais les tentatives de passage en Pologne se poursuivent. Ces personnes, coincées à la frontière orientale de l'Europe dans le froid et le dénuement, sont majoritairement des Kurdes irakiens. La Pologne leur refuse l'entrée et accuse la Biélorussie de les empêcher de quitter la zone. Selon des ONG intervenant sur place, au moins 11 migrants ont été trouvés morts des deux côtés de la frontière depuis le début de la crise cet été.

De nouvelles sanctions de l'ue

De son côté, Minsk alterne entre gestes d'apaisement et mises en garde adressées à l'Europe. Avec cette rencontre à Saint-Pétersbourg, la Russie continue d'afficher son soutien à la Biélorussie, mais veille à ne pas trop s'impliquer. Vladimir Poutine s'est ainsi désolidarisé des menaces formulées au mois de novembre par Alexandre Loukachenko, lorsqu'il avait évoqué la possibilité d'interrompre les livraisons de gaz russe à l'Europe, via le gazoduc transitant par son pays.

La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, a quant à elle estimé que «l'Europe n'est pas confrontée à une crise migratoire, mais à une tentative de déstabilisation par un régime totalitaire non reconnu par l'UE». Dix-sept nouveaux responsables et 11 entités biélorusses ont ainsi été ajoutés à la liste noire de l'UE concernant le pays. Elle comporte déjà 166 noms, dont ceux du président et de deux de ses fils. Les sanctions consistent en un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE.

Puisque «la stratégie du régime biélorusse repose sur la complicité des voyagistes et de leurs intermédiaires», la compagnie aérienne nationale Belavia dont «la majorité de la flotte est constituée d'avions loués par des entreprises de l'UE», a été ajoutée à cette liste noire. La Commission européenne veut globalement sanctionner toutes «les sociétés complices de traite et de trafic de migrants». En parallèle, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont eux-aussi pris de nouvelles mesures contre Minsk.

Il s'agit du cinquième paquet de sanctions adopté par Bruxelles contre ce pays d'Europe orientale depuis la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko, en août 2020. Plus récemment, son régime s'est à nouveau attiré les foudres des Etats membres en condamnant six des figures de l'opposition biélorusse à de lourdes peines, jusqu'à dix-huit ans d'emprisonnement.

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