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Allemagne : les chiens policiers suspendus en vertu d'une nouvelle loi contre la maltraitance animale

La police allemande n'est plus autorisée à utiliser la douleur dans le cadre de l'entraînement de ses chiens d'assistance. [Christian Charisius / POOL / AFP]

Repos forcé pour les justiciers à quatre pattes. Sur les quelque 130 chiens utilisés par la police allemande, notamment à Berlin, environ 49 ont été suspendus de leurs fonctions. Leur mobilisation entre en contradiction avec une nouvelle loi contre la maltraitance animale, en vigueur depuis le 1er janvier.

Ces chiens interviennent pour localiser des personnes disparues, détecter des drogues ou des explosifs, mais aussi, parfois, lors d'arrestations. Ils sont alors équipés de colliers spéciaux, censés permettre aux agents de contenir l'animal lorsqu'une attaque est jugée nécessaire.

Concrètement, si le chien est «lâché» sur un suspect, son maître doit pouvoir mettre fin à l'attaque à tout moment. L'agent tire alors sur ce collier qui vient restreindre les voies respiratoires de l'animal, dans le but de lui faire retrouver son calme.

Cette technique vise à contrôler l'agressivité du chien, afin qu'il aide les policiers dans leur mission sans infliger de graves blessures ou même sans tuer la personne interpellée. Une méthode qui n'est plus autorisée en vertu de cette récente loi, promulguée par Julia Klöckner, ancienne ministre de l'Agriculture. Pour justifier sa décision, le gouvernement s'est appuyé sur des études scientifiques montrant que les stimuli punitifs «contredisent le concept de bien-être animal», précise le Guardian.

Ces nouvelles règles ont principalement été introduites pour encadrer la possession de chiens chez les particuliers en Allemagne, mais elles s'appliquent à tous, y compris les chiens de garde. Elles définissent de nouvelles normes concernant l'entretien global et les soins à apporter aux chiens, en élevage ou dans les foyers allemands.

Les abus en hausse durant la pandémie 

La taille, la ventilation et la température de leur chenil doivent notamment être adéquates, le propriétaire est tenu d'accorder suffisamment de temps à son animal et ce dernier doit pouvoir sociabiliser avec d'autres chiens. Il est interdit de le garder enchaîné, sauf circonstances particulières, et tous les équipements ou pratiques induisant la douleur, les colliers pinceurs par exemple, sont proscrits.

Pour Julia Klöckner, cette mise à jour des pratiques était nécessaire depuis longtemps mais est devenue encore plus indispensable avec la pandémie. Selon elle, de nombreux Allemands sans expérience avec les animaux en ont adopté durant la crise et les cas d'abus se sont multipliés. Cette loi a également pour objectif de responsabiliser davantage les propriétaires d'animaleries et les éleveurs sur la question du bien-être animal.

Au sein de la police, il semblerait que les conséquences de cette nouvelle législation n'aient pas été anticipées. Le GdP, syndicat de la profession, a réclamé l'intervention de la ministre fédérale de l'Intérieur, Nancy Fraeser, à ce sujet. «Nous sommes totalement ouverts aux méthodes d'entraînement innovantes, dans lesquelles il n'est pas nécessaire d'infliger de la douleur. Mais pour le moment, nous n'en connaissons aucune», déplore l'instance.

Craignant que la suspension des chiens policiers ait «de graves conséquences pour la sécurité intérieure», Stephan Kelm, vice-président de la section berlinoise du GdP, a appelé à trouver rapidement une solution. Selon Thilo Cablitz, un porte-parole de la police, des discussions ont été engagées en ce sens avec le ministère de l'Intérieur de Berlin.

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