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Démission du gouvernement, état d’urgence… Que se passe-t-il au Kazakhstan ?

Un bilan qui s’alourdit jour après jour. Entamé dimanche 2 janvier en province, le mouvement de colère contre la hausse des prix du gaz a viré à l’émeute à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés, selon un décompte effectué ce vendredi 7 janvier.

La plus grande ville du pays a été en proie à des scènes de chaos dans la nuit de mercredi à jeudi avec des bâtiments administratifs et des magasins détruits puis pillés par les manifestants. Les médias locaux ont rapporté que ces derniers avaient également incendié la résidence présidentielle, le plus grand bâtiment administratif d’Almaty ainsi qu'une chaîne de télévision.

A l’origine, le mouvement contestataire a débuté dimanche avec une nette augmentation des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) dans la commune de Janaozen, puis dans la grande ville régionale d’Aktau, près de la mer Caspienne, avant de gagner la capitale économique Almaty au sud-est du pays. Cette hausse a été perçue comme injuste par les Kazakhs en raison des nombreuses ressources gazières et pétrolières du pays, ce qui a conduit à la montée de la violence.

Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a indiqué mercredi que des «gangs terroristes» ayant «reçu un entraînement approfondi à l’étranger» dirigeaient les opérations de ces manifestations explosives. Ce dernier a indiqué vendredi que la ville d’Almaty avait été attaquée par «20.000 bandits avec un plan clair, des actions bien coordonnées et un haut degré de préparation au combat. Ce sont les médias libres et certaines personnes à l'étranger qui jouent le rôle d'instigateur» dans ce soulèvement.

Pour réprimer ce mouvement de contestation, le chef d'Etat kazakh a demandé aux forces de l’ordre de réprimer durement les émeutes en les autorisant à faire couler le sang. «J'ai donné l'ordre aux forces de l'ordre et à l'armée de tirer pour tuer sans sommations», a affirmé Kassym-Jomart Tokaïev vendredi.

Un effondrement économique

Cette violence a plongé le pays dans une situation économique précaire. Considéré comme l’un des principaux producteurs mondiaux d’uranium, le Kazakhstan a constaté que le cours de cette ressource avait grimpé en flèche.

Autre activité prisée au Kazakhstan : le minage de Bitcoin a connu une forte baisse ces derniers jours et le cours des actions des entreprises nationales a lourdement chuté à la bourse de Londres.

La coupure internet qui sévit dans tout le pays depuis quelques jours a par ailleurs entraîné la suspension du travail de l’ensemble des institutions financières au Kazakhstan.

Plus de 700 blessés

Ce jeudi, selon un bilan avancé par les autorités locales à la télévision locale, 18 membres des forces de l’ordre ont été tués et 748 personnes ont été blessées depuis le début des émeutes sur l’ensemble du territoire kazakh.

Le ministère de la Santé a de son côté fait état de plus d’un millier de blessés et de 62 personnes placées en soins intensifs. Jeudi, le porte-parole de la police, Saltanat Azirbek, a ajouté des «dizaines» de manifestants tués au lourd bilan qui a déjà endeuillé le pays.

Échec des mesures d’urgence

Pour tenter de calmer la situation, le chef d’Etat du Kazakhstan a pourtant fait des concessions, avec une baisse du prix du gaz, l’instauration de l’état d’urgence et la démission du gouvernement.

Malgré la mise en place de mesures comme l’arrêt des exportations de certains produits alimentaires pour éviter l’inflation, ainsi que l’instauration d’un couvre-feu nocturne, Kassym-Jomart Tokaïev n’est pas parvenu à faire redescendre la grogne de son peuple.

Dans l’optique de rétablir l’ordre, la Russie et ses alliés de l’Organisation du traité de sécurité collective (OSTC) ont envoyé une «force collective de maintien de la paix» au Kazakhstan ce jeudi. L’objectif est clair : parvenir à «aider les forces de l’ordre kazakhes à stabiliser la situation et rétablir l’état de droit».

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