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Elections reportées par l'armée, blocus régional, mercenaires russes… Que se passe-t-il au Mali ?

Le colonel Assimi Goïta, président de transition du Mali, a repoussé la date des élections. [AP]

Le Mali est depuis dimanche la cible d'un blocus régional de la part de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest qui reprochent à la junte militaire au pouvoir de freiner la transition démocratique. Une crise politique qui se joue sur fond de menace jihadiste.

Une forte instabilité politique

Confronté depuis 2012 à des insurrections jihadistes et indépendantistes, le Mali a été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en moins d'un an. En août 2020, un premier coup de force renverse le président Ibrahim Boubacar Keïta. Lui succède un Comité national pour le salut du peuple, qui désigne l'ex-ministre Bah N'Daw pour occuper les fonctions de président de la Transition de la République du Mali. Mais pour quelques mois seulement.

En mai 2021, un nouveau coup d'Etat le pousse à démissionner. Déjà instigateur du premier, en 2020, le colonel Assimi Goïta prend le pouvoir. Emmanuel Macron dénonce alors «un coup d'Etat dans le coup d'Etat inacceptable». 

Alors que des élections prévues en février 2022 devaient rendre le pouvoir aux civils, la junte militaire a annoncé début janvier une période de «transition» de plusieurs années durant laquelle elle conservera le pouvoir. Dans le détail, les militaires prévoient la tenue d’un référendum constitutionnel en janvier 2024, des élections législatives et sénatoriales en novembre 2025 et une élection présidentielle au plus tard en décembre 2026. 

Des sanctions dures

En réaction, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a adopté le 9 janvier des sanctions dures : fermeture des frontières des treize pays membres de l'organisation régionale avec le Mali, suspension des échanges commerciaux (hors produits de première nécéssité), gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et rappel des différents ambassadeurs. Ces sanctions ne seront levées que si le pouvoir militaire présente un calendrier «acceptable» de transition démocratique.

Déjà visées par des sanctions de la Cedeao en 2020, les autorités maliennes ont condamné «énergiquement» ces nouvelles mesures jugées «illégales» et ont accusé les membres de la Cédéao d'être «instrumentalisés» par des «puissances extra-régionales», notamment la France.

Emmanuel Macron, très critique à l'égard de la junte, a affirmé le soutien de la France à ces sanctions.

Une situation sécuritaire inquiétante

Le Mali est éprouvé par neuf ans de guerre contre des groupes jihadistes et les indépendantistes de l'Azawad, un territoire désertique qui couvre tout le nord du pays. Aujourd'hui, la situation demeure préoccupante. Le 5 janvier, l'ONU s'est inquiétée d'une augmentation des violences commises «vers le sud et l'ouest du pays» par des «éléments extrémistes».

Dix jours après le second coup d'Etat de mai 2021, Emmanuel Macron a annoncé réduire drastiquement la présence militaire française au Mali en mettant fin à l'opération antijihadiste Barkhane, qui dure depuis 2014. Une décision qualifiée d'«abandon en plein vol» par le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga.

En l'absence de soutien français, le Mali est fortement soupçonné de faire appel au groupe russe Wagner, un commando paramilitaire très controversé et accusé d'exactions sur des civils. Si les autorités ne confirment pas l'information, elles reconnaissent la présence dans le pays d'un certain nombre d'instructeurs russes.

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