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Risque de guerre en Ukraine : où en est la situation ?

Un soldat ukrainien se tient à l'abri d'une tranchée sur la ligne de front, à Marioupol, à l'est du pays, le 21 janvier 2022. [© Andriy DUBCHAK / AP]

La tension n'est pas retombée. Depuis novembre dernier, la Russie masse des troupes à la frontière ukrainienne et ravive le souvenir de l'annexion de la Crimée en 2014. Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, sont en état d'alerte et se préparent au pire.

Une inquiétante escalade militaire

Depuis novembre 2021, les tensions ne font qu'augmenter entre la Russie d'un côté, l'Ukraine, les Etats-Unis et les pays membres de l'Otan de l'autre. Alors que près de 100.000 soldats russes se massent à la frontière ukrainienne, les Occidentaux redoutent une invasion prochaine du territoire ukrainien. Moscou nie toute intention belliqueuse et prétend défendre son territoire contre «des exercices militaires provocants» menés par l'Otan aux périphéries de la Russie.

Après une première montée de tensions fin 2021, la situation s'est envenimée ces dernières semaines. Le 14 janvier, plusieurs sites gouvernementaux ukrainiens ont été la cible d'une cyberattaque massive, imputée à la Russie. Le même jour, Washington a accusé Moscou d’avoir dépêché en Ukraine des agents chargés de mener des opérations de «sabotage» afin de créer un «prétexte» pour une invasion.

De part et d'autre, les états-majors se préparent à l'éventualité d'un conflit armé. Le Kremlin déploie depuis la mi-janvier des soldats en Biélorussie pour des exercices de «préparation au combat», signe que la Russie peut attaquer l’Ukraine «à tout moment» selon Washington. Moscou mobilise aussi sa flotte et planifie des manœuvres navales dans l'Atlantique, l’Arctique, le Pacifique et la Méditerranée.

Côté occidental, le Pentagone a placé 8.500 militaires en état d'alerte, prêts à intervenir sous cinq jours, tandis que l'Otan envoie des navires et des avions de combat en Europe de l'Est.

Dernier mouvement en date, l'Ukraine a affirmé ce 25 janvier avoir démantelé un groupe coordonné par les services spéciaux russes qui préparait des attaques armées contre des infrastructures pour «déstabiliser» le pays.

Les négociations dans l'impasse

Ces dernières semaines, les rencontres diplomatiques entre responsables russes et américains se sont multipliées. Sommet Biden-Poutine en décembre, longues tractations en Suisse début janvier, rencontre entre le secrétaire d'Etat Antony Blinken et son homologue russe Sergueï Lavrov la semaine dernière... Aucun de ces rendez-vous n'a permis de désescalade, chaque partie accusant l'autre de faire échouer les négociations.

Concrètement, Moscou exige un engagement écrit des Américains sur le non-élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie et demande un retrait des forces de l'Otan de pays d'Europe de l'Est comme la Roumanie et la Bulgarie.

Ces demandes sont inacceptables pour Washington, qui a réaffirmé le 26 janvier «le principe de la porte ouverte à l'Otan». Les Etats-Unis voudraient déplacer les négociations sur le terrain du contrôle des armements et de la limitation des manœuvres militaires.

Bien qu'aucune partie ne semble prête à faire des concessions, le dialogue diplomatique se poursuit. «Il y a une réaction (américaine) qui permet d'espérer le début d'une conversation sérieuse sur des questions secondaires», a reconnu le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Une nouvelle réunion serait déjà prévue entre lui et son homologue américain Antony Blinken.

Un vrai risque de guerre ?

«Tout indique» que le président russe Vladimir Poutine «va faire usage de la force militaire à un moment donné, peut-être entre maintenant et mi-février», a indiqué mercredi 26 janvier la vice-secrétaire d’État américaine Wendy Sherman. 

Pour les Européens, ces déclarations sont alarmistes et exagérées. Le gouvernement ukrainien estime que le nombre de soldats russes massés à la frontière est, bien qu'inquiétant, «insuffisant» pour envisager une attaque d’envergure sur le pays.

La France a elle appelé à «ne pas créer d'ambiguïté, de volatilité supplémentaire» tandis que la Commission européenne a invité à ne pas «dramatiser» la situation plus qu'elle ne l'est déjà.

Selon certains experts, l'absence d'hôpitaux de campagne et de soutien logistique dans le dispositif militaire russe montre que le passage à l'acte n'est pas pour tout de suite. D'autres affirment que si la Russie souhaitait réellement envahir l'Ukraine, elle l'aurait fait par surprise.

Des sanctions lourdes en cas d'attaque

En cas d'invasion, les Occidentaux ont assuré préparer des sanctions d'une sévérité inédite. La réduction des achats de gaz et de pétrole, qui représentent respectivement 43% et 20% de l'approvisionnement de l'UE, et qui financent largement le budget russe, est sur la table, même si le sujet divise au sein de l'UE. Le doute plane encore sur le sort réservé au gazoduc Nord Stream 2, que les Allemands rechignent à intégrer au paquet de sanctions.

La position du tout jeune gouvernement de coalition allemand en cas d'escalade avec la Russie reste incertaine. Berlin refuse en effet de livrer des armes à l'Ukraine, au grand dam de Kiev et de Washington.

Côté américain, Joe Biden envisage d'interdire aux banques russes d'utiliser le dollar, devise reine des échanges internationaux, ce qui porterait un coup très sévère à la finance et à l'économie réelle du pays.

Les Européens veulent jouer leur rôle

Exclus du bras-de-fer qui oppose la Russie aux Etats-Unis, les Européens entendent mener leurs propres négociations.

Pour replacer l'Europe au cœur de la crise ukrainienne, l'Allemagne et la France ont discuté à Paris mercredi 26 janvier en «format Normandie» avec des responsables russes et ukrainiens. Ce format de négociations avait été initié en 2014 pour trouver une issue à la guerre du Donbass, opposant l'Ukraine à des séparatistes pro-Russes soupçonnés d'être soutenus par Moscou.

Prochain rendez-vous, une réunion téléphonique est prévue vendredi 28 janvier entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

 

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