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Mexique : une enseignante renvoyée pour s'être déguisée en Hitler

L'enseignante demandait également à ce qu'on se réfère à elle en tant que chancelière et qu'on l'appelle «Hitler», selon l'ONG Stopantisemitism.org. [CC / Martin D].

Une professeur d'histoire mexicaine, enseignant dans un lycée du pays, a été renvoyée de son établissement pour s'être déguisée en Hitler et avoir simulé des exécutions de juifs, dans le cadre d'une «activité éducative» pour enseigner l'Holocauste.

D'après les informations de l'ONG «Stopantisemitism.org», relayées par le Jerusalem Post, la professeur d'histoire de ce lycée technologique de Monterrey, au Mexique, a divisé la classe en deux groupes : d'un côté les nazis, et de l'autre les juifs.

Elle a ensuite donné de fausses armes à feu au groupe des «nazis», et elle a ordonné aux élèves de tirer aléatoirement sur le groupe des «juifs» qui avaient été mis à genoux au préalable.

Ana Luisa Nevarez demandait à ce qu'on se réfère à elle en tant que chancelière et qu'on l'appelle «Hitler». Elle a même été jusqu'à inventer un salut et phrase pour reprendre le salut nazi, tous deux tirés de sa chanson préférée. Elle avait également apporté une piñata en forme d'Hitler, avec laquelle les enfants pouvaient jouer, et poser en photo. 

Une expérience traumatisante

Une situation surréaliste qui a mis très mal à l'aise une étudiante juive de la classe : «Tout le monde s'amusait tellement au début. J'étais tellement confuse quant à ce que je ressentais à ce sujet», raconte l'élève. «Elle savait que j'étais juive et a quand même décidé de faire ça». 

Quelques jours plus tôt, l'étudiante s'était approchée de Nevárez lorsqu'elle avait compris que leur cours d'histoire couvrirait l'Holocauste : «Écoutez, je sais que vous savez que je suis juive. Je sais que nous allons parler de l'Holocauste la semaine prochaine. Je peux faire une présentation à propos de ma famille qui est allée à Auschwitz, et des frères et sœurs de mon grand-père qui ont été assassinés dans les chambres à gaz... Et puis le cours suivant, le cours suivant, elle se présente déguisée en Hitler». 

«Pendant des semaines après, les gens venaient encore vers moi et faisaient des commentaires liés au savon» a raconté la jeune adolescente, traumatisée, en référence aux rumeurs de l'époque selon lesquelles les nazis avaient fabriqué du savon à partir de juifs. Lorsqu'elle osait se plaindre ou leur répondre, les autres élèves simulaient le fait de la gazer et lui disaient qu'elle était trop sensible. 

L'administration licencie la professeur 

Finalement, l'étudiante est allée se plaindre auprès de l'administration après la publication sur Facebook des photographies des élèves de la classe déguisés en nazis, effectuant le salut. Cette photo était «en photo de couverture» et tout le lycée, étudiants et personnel éducatif «étaient au courant et pouvaient y avoir accès très facilement», raconte la jeune fille. Depuis, les photos ont été supprimées et l'école a réagi au scandale. 

«Au Tec de Monterrey, nous rejetons avec force toute expression qui menace la dignité des personnes. Depuis notre fondation, nous avons maintenu une histoire commune de proximité et de collaboration avec diverses communautés culturelles et religieuses, telle que la communauté juive. Nous approuvons notre engagement pour que le Tec de Monterrey soit perçu comme un espace de diversité et de pluralité d'idées qui enrichissent le dialogue et la formation de chaque personne qui fait partie de notre communauté, toujours dans un cadre de respect», a déclaré leur porte-parole dans une communiqué de presse. 

À la suite du scandale, Ana Luisa Nevarez a d'abord été transférée vers un poste administratif, avant finalement d'être licenciée après que l'ONG «Stopantisemitism.org» se soit emparée de l'histoire pour la publier sur ses réseaux sociaux. Depuis, l'étudiante juive a quitté l'établissement et raconte être toujours confrontée à des remarques antisémites.

Pourtant, lorsqu'on lui a demandé quel conseil donner aux élèves qui pourraient vivre des expériences similaires, l'élève a répondu : «Parlez-en. Je les encourage à le faire parce que même s'il n'y a peut-être pas la communauté avec vous, il y a une communauté juive dans votre ville, dans votre pays, ou même dans le monde qui vous soutiendra. C'est quelque chose que j'ignorais à l'époque. Je pensais que j'étais seule au monde, mais ce n'est pas le cas». 

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