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Harvard : Trois femmes accusent l'université d'avoir ignoré le harcèlement sexuel d'un professeur

La plainte de ces trois femmes vise directement la prestigieuse université d'Harvard et son président. [Maddie Meyer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Dans une plainte civile de 65 pages, déposée auprès du tribunal fédéral de Boston, trois femmes dénoncent «l'indifférence délibérée» de l'université d'Harvard. Ces doctorantes assurent avoir signalé, plusieurs fois depuis cinq ans, des faits de harcèlement sexuel à leur encontre, de la part de John Comaroff, professeur d'anthropologie âgé de 77 ans.

«Il embrassait et pelotait les étudiantes sans leur consentement et menaçait de saboter leurs carrières si elles se plaignaient», accusent Margaret Czerwienski, Lilia Kilburn et Amulya Mandava. Interrogées par le New York Times, elles estiment que le professeur s'est «servi de son pouvoir et de son piédestal depuis des années à Harvard pour exploiter les apprenties chercheuses».

Une ambiance «sexiste et misogyne» à Harvard

Le document judiciaire revient en détails sur certains faits reprochés à John Comaroff. Ainsi, selon les plaignantes, il aurait «de manière répétée embrassé de force Mlle Kilburn, l'a pelotée en public et a parlé à voix haute de son viol et de son meurtre» imaginaires, qui auraient lieu si elle avait des relations avec des personnes de même sexe dans certains pays d'Afrique. Auprès du New York Times, la jeune femme précise que le professeur était au courant de son homosexualité.

Concernant Margaret Czerwienski et Amulya Mandava, John Comaroff se serait en outre «senti autorisé à les menacer, à salir leur réputation et à perturber leur carrière». Selon le New York Times, les faits ont commencé à être rendus publics il y a un an seulement, dans le journal étudiant de Harvard. Des accusations antérieures et anonymes, datant de l'époque où John Comaroff enseignait à l'Université de Chicago, y ont également été relayées. 

Le professeur a été mis en congés et ne devrait pas pouvoir enseigner l'an prochain. Une enquête interne l'a désigné coupable de harcèlement verbal, estimant qu'il avait «violé les politiques sur le harcèlement sexuel et sexiste et la conduite professionnelle». Mais les faits d'agressions sexuelles n'ont pas été reconnus. Selon ses avocats, John Comaroff nie «catégoriquement» ces accusations.

Les plaignantes soulignent qu'un récent comité de Harvard a «examiné l'atmosphère du département d'anthropologie» et conclut «qu'il y régnait une ambiance "sexiste et misogyne [...] dans une faculté majoritairement blanche et masculine"». Leur plainte vise ainsi «un abus de pouvoir» et cible directement l'université et son président. Les plaignantes réclament un dédommagement financier, avant un éventuel procès au civil.

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