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Guerre en Ukraine : pourquoi la Chine ne soutient plus ouvertement la Russie

L'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine embarrasse le président chinois Xi Jinping. [ALEXEI DRUZHININ / SPUTNIK / AFP]

Partenaire militaire et économique de la Russie, la Chine est dans une position délicate depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Si elle comprend les inquiétudes russes en matière de sécurité, elle ne soutient pas ouvertement l'intervention militaire de Vladimir Poutine.

Début février, le président Xi Jinping avait affiché sa bonne entente avec le maître du Kremlin, venu assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.

Dans une déclaration commune actant «l'entrée des relations internationales dans une nouvelle ère», les deux dirigeants avaient condamné en chœur «tout élargissement futur de l'Otan», mettant en garde l'Occident sur fond d'escalade militaire à la frontière ukrainienne.

Mais la reconnaissance par Vladimir Poutine des régions séparatistes pro-russes, puis l'invasion de l'Ukraine a plongé Pékin dans l'embarras.

Ni soutien, ni condamnation

Mercredi 3 mars, la Chine s'est abstenue de voter une résolution de l'ONU exigeant que la «Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine», mais ne s'y est pas opposée pour autant.

Ni soutien, ni condamnation : telle est la ligne de crête sur laquelle essaye d'avancer Pékin dans le dossier ukrainien.

Se refusant à parler d'«invasion», la Chine se contente d'espérer une «résolution» du conflit «par le biais de négociations avec l'Ukraine», tout en rappelant que «la position fondamentale de la Chine est le respect de la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays».

Une guerre qui ne profite pas à Pékin

«Le principe sacrosaint de la Chine est de ne pas s'immiscer dans les affaires des autres pays. Il y a une contradiction entre son soutien objectif vis-à-vis de son partenaire russe et le fait de le voir envahir l'Ukraine», analyse Emmanuel Lincot, sinologue et professeur à l’Institut catholique de Paris.

Si les relations de Xi Jinping avec Vladimir Poutine sont au beau fixe, le président chinois ne veut pas apparaître trop proche de son homologue russe. Un soutien appuyé pourrait valoir à la Chine des sanctions occidentales et menacerait inutilement son économie.

La Chine n'a par ailleurs aucun intérêt à voir l'Ukraine à feu et à sang. «L'Ukraine est un producteur de céréales important pour la Chine. De plus, la guerre menace le tronçon eurasiatique des Nouvelles routes de la soie et compromet l'acheminement des marchandises entre Chine et UE», souligne Emmanuel Lincot.

Avec la Russie, une entente de circonstances

En adoptant une position neutre, Pékin s'évite les foudres occidentales et ménage la Russie, un partenaire important sur le plan militaire comme économique.

«La Chine et la Russie partagent la même vision du monde, ajoute le spécialiste de la Chine. Leur pouvoir est fondé sur le respect d'une autorité patrimoniale, clanique, qui caractérise n'importe quel régime communiste ou post-communiste. Ces deux Etats proches idéologiquement forment un duo pour contrer l'hégémonie américaine».

Mais selon l'expert, cette bonne entente n'est que de circonstance. «Les deux pays ne jouent pas à armes égales, il y a une asymétrie très grande dans les rapports de force. La Russie est une puissance nucléaire mais c'est un nain économique. Si la Chine se sent entraînée par la Russie dans une aventure qui n'est pas la sienne et qui serait trop coûteuse pour ses propres intérêts, je ne doute pas que Pékin saura prendre ses distances avec Moscou».

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