L'armée russe a bombardé mercredi un hôpital pédiatrique à Marioupol, port stratégique du sud-est de l'Ukraine, provoquant l'indignation des autorités ukrainiennes, des responsables humanitaires et des Occidentaux.
trois morts dont une fillette
Les bombes ont atteint un complexe hospitalier, qui comprend aussi une maternité. Trois personnes, dont une enfant, ont été tuées, a annoncé ce jeudi la mairie de cette ville portuaire. Le premier bilan établi mercredi soir faisait état de 17 blessés.
L'attaque s'est produite alors que des femmes étaient en train d'accoucher dans l'hôpital, qui venait d'être ré-équipé, a indiqué à l'AFP un membre de l'administration militaire de la région de Donetsk.
Au moins 19 attaques ont été perpétrées contre des établissements de soins, du personnel de santé et des ambulances, faisant au moins dix morts, depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Des images impressionnantes
Sur une vidéo publiée par la présidence ukrainienne, on peut voir l'intérieur de bâtiments soufflés, des débris, des feuilles de papier et des morceaux de verre jonchant le sol.
Mariupol. Direct strike of Russian troops at the maternity hospital. People, children are under the wreckage. Atrocity! How much longer will the world be an accomplice ignoring terror? Close the sky right now! Stop the killings! You have power but you seem to be losing humanity. pic.twitter.com/FoaNdbKH5k
— Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) March 9, 2022
D'autres vidéos tournées à l'extérieur de l'hôpital témoignent de la violence de ce raid aérien.
Horrifying attack on Mariupol. Children's hospital and maternity hospital targeted by Russian strikes. Many losses. The city is completely surrounded. There’s no electricity, water and gas. Russia refuses to provide green corridor. City is facing humanitarian catastrophe. pic.twitter.com/YwhvABuVVZ
— Maria Avdeeva (@maria_avdv) March 9, 2022
Des photos circulant sur les réseaux sociaux montrent aussi des femmes enceintes être évacuées sur des brancards.
Russia bombs the weakest members of society, the pregnant women and their newborns. The enormity of the crimes committed by Russia in the war against Ukraine is hard to grasp. Photo from the Russian attack against a maternity clinic in Mariupol by @EMaloletka. pic.twitter.com/ay8qMW58bi
— Anders Östlund (@andersostlund) March 9, 2022
Réactions immédiates
Oleksiï Arestovitch, un conseiller de la présidence ukrainienne, a déclaré à la télévision que le bombardement de la maternité de Marioupol n'était «qu'un début» et qu'une «guerre complètement différente était sur le point de commencer».
Côté occidental, le Premier ministre britannique Boris Johnson a fustigé une attaque «immorale». Aux Etats-Unis, la porte-parole de l'exécutif américain Jen Psaki a jugé «atroce de voir le genre d'utilisation barbare de la force militaire contre des civils innocents dans un pays souverain».
La directrice exécutive de l'Unicef Catherine Russell s'est déclarée «horrifiée» par l'attaque et l'ONU a rappelé qu'aucune installation de santé «ne doit être une cible».
A Moscou, le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, a justifié l'attaque en assurant que la maternité de Marioupol servait de base à des nationalistes ukrainiens.
Marioupol sous les bombes
«Marioupol fait face à une crise humanitaire», a écrit sur Telegram Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, soulignant que «l'armée russe a bombardé Marioupol à l'artillerie lourde depuis tôt ce matin». La route d'évacuation prévue vers la ville voisine de Zaporojie «n'a pas été déminée» selon elle.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a déploré «la barbarie» de l'armée russe, implorant de nouveau les Occidentaux de «donner des avions, maintenant», une requête répétée ces derniers jours par Kiev pour faire face à l'armée russe.
1.207 personnes sont mortes à Marioupol depuis le début du siège russe, a indiqué le maire de la ville ce mercredi. Quelque 300.000 civils sont coincés depuis des jours par les combats dans ce port stratégique du sud-est du pays, privé d'eau, de nourriture et d'électricité et où l'aide humanitaire n'a pas pu arriver.