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Guerre en Ukraine : Turquie, Chine, Israël… Qui pour jouer les négociateurs entre Moscou et Kiev ?

Les dirigeants turc, chinois et israélien ont chacun leur carte à jouer. [Adem Altan/Billy H.C. KWOK/Jack GUEZ/AFP]

Alors que les négociations européennes pour trouver une issue à la guerre en Ukraine semblent vaines, plusieurs pays tentent à leur tour de jouer les médiateurs.

Malgré les efforts déployés par la France et l'Allemagne pour maintenir un contact diplomatique avec le Kremlin, la situation continue d'empirer en Ukraine, où l'armée russe poursuit son inexorable progression. Samedi, après un énième échange téléphonique entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, l'Elysée a fait savoir que le président russe n'avait «pas montré de volonté de stopper la guerre».

Bien que l'éventualité d'une solution diplomatique à la guerre s'éloigne de plus en plus, certains pays tentent de jouer les médiateurs. S'ils ne sont pas concernés directement par le conflit, ils comptent bien tirer leur épingle du jeu.

La Chine

Depuis le début de la guerre, la Chine avance sur une ligne de crête. Si elle dit «regretter profondément» le conflit, elle se refuse à condamner l'invasion du pays ordonnée par Vladimir Poutine. D'un côté, Pékin veut ménager son partenaire russe, avec qui elle partage une même aversion pour l'Otan et l'Occident en général. Mais de l'autre, un soutien trop appuyé à la Russie pourrait valoir à la Chine des sanctions économiques.

Quoiqu'il en soit, Pékin a tout intérêt à voir le conflit se terminer, ne serait-ce que pour préserver ses intérêts commerciaux en Europe. «La Chine craint qu’un baril de brut très cher grève sa croissance, et, politiquement, que sa crédibilité d’Etat défenseur de la sacro-sainte souveraineté etatique soit atteinte si la guerre d’agression russe se poursuit», ajoute le géopolitologue Frédéric Encel, enseignant à Sciences-Po Paris et auteur de «Les voies de la puissance» (Odile Jacob).

Interrogée sur une possible médiation chinoise, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi s'est dit disposé à «travailler avec la communauté internationale à une médiation nécessaire le moment venu».

Conscients de l'influence chinoise, Emmanuel Macron et le chancelier Olaf Scholz se sont entretenus le 8 mars avec le président Xi Jinping. Un échange au cours duquel le dirigeant chinois s'est contenté d'appeler «à la plus grande retenue afin d'éviter une crise humanitaire à grande échelle».

Reste à savoir si le soutien chinois à la Russie ira au-delà des simples déclarations, alors que le New York Times indique que Moscou a demandé l'aide économique et militaire de Pékin pour mener la guerre en Ukraine et contourner les sanctions occidentales.

La Turquie

La Turquie a accueilli le 10 mars à Antalya des pourparlers entre les ministres des affaires étrangères russe et ukrainien, la première rencontre de haut niveau entre Kiev et Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine. Si l'entretien n'a débouché sur aucune avancée concrète, il montre la volonté du président Erdogan de s'investir dans le dossier ukrainien.

Depuis le début de la guerre, Ankara apporte un soutien discret à Kiev, livrant des drones de combat aux Ukrainiens et fermant le détroit du Bosphore aux navires de guerre russes. Erdogan veille toutefois à ménager la Russie, à qui il achète quantité de gaz. «Nous ne renoncerons ni à l’Ukraine ni à la Russie», martèle le président turc, qui n'a pris aucune sanction contre Moscou.

«La Turquie ne tente rien de sérieux», juge Frédéric Encel. «Elle se retrouve en porte- à-faux à force d’avoir joué sur tous les tableaux».

Les relations entre Moscou et Ankara sont complexes, les deux pays pouvant s'entendre sur certains dossiers et s'affronter sur d'autres, comme en Syrie. Bien que membre de l'Otan, la Turquie n'est pas considérée comme un pays occidental par la Russie et conserve une certaine respectabilité auprès du Kremlin.

Israël

Le Premier ministre israélien Naftali Bennett s'est rendu à Moscou le 7 mars pour rencontrer le président russe. Accompagné de son ministre du Logement, Zeev Elkin, russophone et originaire d’Ukraine, il espère lui aussi pouvoir peser dans le conflit.

Depuis l'invasion de l'Ukraine, Israël s'est gardé de condamner trop vivement l'offensive lancée par la Russie, soulignant les liens solides qui l'unissent tant à Moscou qu'à Kiev.

S'il se refuse à fournir des équipements militaires, Naftali Bennett a envoyé de l'aide humanitaire en Ukraine, pays qui compte une importante communauté juive.

Samedi, après une conversation téléphonique entre Natfali Bennett et le président Ukrainien Volodymyr Zelensky, Israël a dû démentir des allégations selon lesquelles le dirigeant israélien aurait appelé à l'Ukraine a accepter une capitulation. Une polémique qui est venue rafraîchir les relations entre les deux pays, alors que Kiev attendait davantage de l'Etat hébreu.

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