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Gaz russe : Pourquoi Vladimir Poutine impose-t-il un paiement en roubles ?

Vladimir Poutine lors d'une réunion avec son gouvernement à Moscou, pour répondre aux sanctions économiques de l'Occident. [Mikhail Klimentyev / Sputnik / AFP]

Vladimir Poutine a annoncé ce mercredi 23 mars que la Russie n’acceptera plus aucun paiement en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz au sein de l’Union européenne. Une manière pour le dirigeant de répondre aux sanctions financières qui lui sont imposées, ainsi que de remonter le cours de sa monnaie nationale.

Près d’un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a demandé à la banque centrale russe et à son gouvernement d’établir «dans un délai d’une semaine» un nouveau système de change pour imposer le paiement des importations du gaz russe en roubles.

«J’ai pris la décision de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises», a annoncé le président russe lors d’une réunion gouvernementale.

300 milliards de dollars gelés

Deux raisons expliquent cette demande : d’une part, le dirigeant russe entend répondre aux lourdes sanctions économiques infligées par de nombreux pays occidentaux, qui pèsent sur son pays. L’Occident a notamment gelé quelques 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l’étranger, une initiative qualifiée de «vol» par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

D’autre part, imposer l’acquisition de roubles sur le marché pour effectuer les transactions permet de faire remonter significativement le cours de la monnaie, qui avait subi une perte de valeur de près de 30% ces dernières semaines.

L'Allemagne menace de rompre son contrat

Les effets de cette annonce ont été immédiats. Le cours de la devise s’est renforcé face à l’euro et au dollar, en revanche, certains pays comme l’Allemagne ont dénoncé une exigence qui constituerait «une rupture de contrat» et n’entendent pas répondre favorablement à cette offensive.

Face à cette situation, l’Occident dispose toujours d’un arsenal de sanctions avec notamment la question d’un embargo pétrolier global, déjà décrété par les Etats-Unis, qui reste toujours sur la table et qui pourrait faire «plonger l’économie russe», selon le chef du cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Pour le moment, en raison de la dépendance de nombreux Etats européens, les hydrocarbures russes ont été largement épargnés par les sanctions économiques et ces derniers continuent de couler à flot vers l’Europe, avec plusieurs centaines de millions d’euros par jour à la clé pour le Kremlin. Plusieurs sommets internationaux sont attendus dans les prochains jours pour envisager une réponse à cette offensive et pour décider de potentielles nouvelles sanctions.

De son côté, Vladimir Poutine a laissé entendre que d’autres exportations russes pourraient être concernées par la même mesure. L’Agence spatiale russe Roscosmos a déjà annoncé mercredi soir son intention de passer également au règlement en roubles avec ses partenaires internationaux, juste après l’annonce du président Poutine.

Néanmoins, certaines entreprises russes comme le géant Gazprom pourraient pâtir de cette nouvelle mesure, en se retrouvant à court de devises étrangères pour honorer leurs créances à l’avenir. On estime que les pays déclarés «hostiles» par la Russie représentent plus de 70% des exportations énergétiques russes.

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