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Tunisie: le président dissout le Parlement, huit mois après l'avoir suspendu

Le président tunisien Kais Said a accusé les participants de «comploter contre la sécurité de l'Etat» et demandé à la ministre d'engager des poursuites à leur encontre. [FETHI BELAID / AFP]

Huit mois après l'avoir suspendu pour s'arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021, le président tunisien Kais Said a annoncé la dissolution du Parlement ce mercredi 30 mars faisant vaciller l'expérience démocratique dans le pays berceau du Printemps arabe.

Quelques heures avant, des députés avaient pris part à une réunion durant laquelle ils avaient voté l'annulation des mesures exceptionnelles prises par le président tunisien. 

Suite à cet acte de «rébellion» le chef de l’État tunisien, Kais Saied, a pris la décision de dissoudre complètement le Parlement.

«J'annonce aujourd'hui en ce moment historique la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple pour préserver l'Etat et ses institution et pour préserver le peuple tunisien», a déclaré Kais Saied dans une vidéo diffusée par la présidence.

Une crise politique

Le 22 septembre, le chef de l'Etat a officialisé ses pleins pouvoirs par des «mesures exceptionnelles» qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d'amender les lois.

Cent-vingt députés tunisiens ont bravé ce mercredi la suspension du Parlement en organisant une séance virtuelle au cours de laquelle ils ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées par Kais Saied depuis le 25 juillet.

A l'appel du Bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), une instance qui regroupe la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant, 120 députés (sur un total de 217) ont participé à cette plénière en ligne, présidée par Tarek Fertiti, vice-président du Parlement, un indépendant.

Le président du mouvement islamiste, Rached Ghannouchi, également chef du parti Ennahdha, n'a pas participé à cette séance.

Des appels à des élections anticipées

Cent-seize députés ont voté en faveur d'un projet de loi visant à annuler les mesures exceptionnelles prises par Kais Said, qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent le pouvoir d'un seul homme dans le pays berceau du Printemps arabe.

Les députés, dont des élus d'Ennahdha et des indépendants, ont appelé en outre à l'organisation d'élections législatives et présidentielle anticipées pour sortir de la crise politique et socio-économique.

Dans son allocution annonçant la dissolution du Parlement, le président tunisien a qualifié la réunion des députés de «tentative de coup d'Etat, qui a échoué».

Il a accusé les participants de «comploter contre la sécurité de l'Etat» et demandé à la ministre d'engager des poursuites à leur encontre.

«Nos forces de sécurité militaires et civiles feront face selon la loi à tout recours à la violence», a-t-il averti.

Après avoir suspendu le Parlement et limogé le gouvernement, Kais Saied a dissous en février le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une mesure qualifiée de nouvelle dérive autoritaire par ses détracteurs et qui a suscité des inquiétudes pour l'indépendance de la justice.

Kais Saied a dévoilé une feuille de route pour sortir le pays de la crise avec des élections prévues en juillet ainsi qu'un référendum sur des amendements constitutionnels. Mais une consultation populaire en ligne qu'il a lancé pour recueillir des propositions a largement été boudée par les Tunisiens.

Outre l'impasse politique, la Tunisie de se sortir d'une profonde crise socio-économique et discute avec le Fonds monétaire international pour obtenir un nouveau prêt.

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