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Trafic de drogue sur Snapchat : aux Etats-Unis, des familles de victimes demandent aux réseaux sociaux d’agir

Pour un des parents d'un jeune décédé, «Snapchat est devenu comme le dark web pour les enfants». [MANAN VATSYAYANA / AFP]

C’est l’un des nouveaux fléaux de la décennie. Des familles d’adolescents décédés après avoir consommé de la drogue frelatée achetée via Snapchat ou d’autres réseaux sociaux ont demandé, lundi, à ces plates-formes d’agir pour tenter de stopper ces pratiques.

L'avertissement contre le fléau est clair. «Je suis ici pour mettre en garde les gens contre les dangers des réseaux sociaux via lesquels des drogues et autres crimes arrivent dans nos vies, à travers nos enfants», a expliqué à l’AFP Sam Chapman, venu manifester devant le siège de Snapchat, une application de partage de vidéos et de photos très prisée des jeunes, à Santa Monica, aux États-Unis.

Empoisonnement au fentanyl

Son fils Sammy est mort en février 2021 d’un empoisonnement au fentanyl, un opiacé extrêmement puissant et addictif dont il ignorait la présence dans la pilule de drogue qu’il s’était procurée sur Snapchat. Sammy aurait dû fêter son 18e anniversaire le week-end dernier.

L’adolescent se trouvait dans sa chambre un dimanche soir, en train de regarder la finale du championnat de football américain. «Environ une heure après lui avoir apporté à manger, nous l’avons trouvé mort sur le sol dans une posture caractéristique», raconte l’homme de 57 ans. 

«Il avait cessé de respirer, était tombé de sa chaise à la renverse et il s’était étouffé avec son propre vomi», un cas de figure malheureusement très fréquent chez les jeunes qui pensent consommer des drogues récréatives mais qui ingèrent à leur insu du fentanyl. 

Sur les 107.000 morts par overdose recensées l’an dernier aux États-Unis, 70 % ont été provoquées par un «empoisonnement au fentanyl», première cause de décès désormais pour les Américains âgés de 18 à 45 ans, indiquent les associations à l’origine de cette manifestation. 

Un dark web pour enfants

Selon Sam Chapman, un revendeur de drogue avait tout simplement pris contact avec son fils sur Snapchat, lui présentant un véritable «menu» avec des pilules de toutes les couleurs. «Et tout en bas, il disait qu’il assurait les livraisons, comme si c’était une pizza». 

Pour Sam Chapman, «Snapchat est devenu comme le dark web pour les enfants». Comme pour les autres familles de victimes, il demande à l’entreprise américaine et aux autres plateformes de prédilection des jeunes, d’agir concrètement pour enrayer ce phénomène. 

La responsabilité des réseaux pointée du doigt

«Nous avons travaillé sans relâche pour aider à combattre cette crise nationale en éradiquant les vendeurs de drogues illicites de notre plateforme», a réagi un porte-parole de Snapchat sollicité par l’AFP.

La firme californienne ajoute utiliser une technologie de pointe pour «détecter de manière proactive et fermer les comptes» des dealers, ainsi que bloquer dans son moteur de recherche, les résultats liés aux stupéfiants. Mais pour Sam Chapman, le système ne fonctionne tout simplement pas car les dealers utilisent des émojis et des mots codés qui ne sont pas bloqués. 

L’association de victimes VOID souhaite que les réseaux sociaux soient tenus pour responsables de ce qui arrive à leurs utilisateurs sur leurs plateformes, ce qui n’est pas le cas actuellement. «Si vous êtes dans un supermarché et que vous glissez et tombez, vous pouvez les poursuivre», a plaidé le président de VOID lors de la manifestation. 

La loi régissant actuellement ces plateformes «a été écrite en 1996. Les législateurs n’avaient aucune idée de ce qu’internet serait aujourd’hui», insiste-t-il. 

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