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Etats-Unis : la Cour suprême révoque le droit constitutionnel à l'avortement, «une erreur dramatique» pour Joe Biden

La Cour suprême des États-Unis vient de révoquer, ce vendredi 24 juin, le droit constitutionnel à l'avortement. Une décision historique qui laisse chaque Etat libre d'autoriser, ou non, les interruptions volontaires de grossesse. Joe Biden a dans la foulée prononcé un discours et dénoncé notamment «une erreur historique».

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse.

Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les Etats-Unis à la situation en vigueur avant l'arrêt emblématique «Roe v. Wade» de 1973, quand chaque Etat était libre de les autoriser ou non. 

Compte tenu des fractures dans le pays, une moitié des Etats, surtout dans le Sud et le centre plus conservateurs et religieux, pourraient les bannir à plus ou moins court terme.

«La Constitution ne fait aucune référence à l'avortement et aucun de ses articles ne protège implicitement ce droit», écrit le juge Samuel Alito au nom de la majorité. Roe v. Wade «était totalement infondé dès le début» et «doit être annulé». «Il est temps de rendre la question de l'avortement aux représentants élus du peuple» dans les parlements locaux, écrit-il encore.

fermeture des cliniques

L'arrêt publié vendredi «est l'un des plus importants de l'Histoire de la Cour suprême depuis sa création en 1790», souligne le professeur de droit de la santé Lawrence Gostin. «Il est déjà arrivé qu'elle change sa jurisprudence mais pour instaurer ou restaurer un droit, jamais pour le supprimer», a-t-il dit à l'AFP.

Selon l'institut Guttmacher, un centre de recherche qui milite pour l'accès à la contraception et à l'avortement dans le monde, 13 Etats disposent de lois dites «zombies» ou «gâchette» : interdisant l'avortement, elles ont été rédigées pour entrer en vigueur quasi automatiquement en cas de revirement à la Cour suprême. «Dans les prochains jours, semaines et mois, on devrait voir des cliniques fermer» dans ces Etats parfois très peuplés (Texas, Louisiane...), anticipe Lawrence Gostin. Une douzaine d'autres Etats devraient suivre avec des interdits complets ou partiels.

Dans une partie du pays, les femmes désirant avorter seront donc obligées de poursuivre leur grossesse, de se débrouiller clandestinement notamment en se procurant des pilules abortives sur Internet, ou de voyager dans d'autres Etats, où les IVG resteront légales. Anticipant un afflux, ces Etats, le plus souvent démocrates, ont pris des mesures pour faciliter l'accès à l'avortement sur leur sol et les cliniques ont commencé à basculer leurs ressources en personnel et équipement.

Le planning familial promet de continuer à se battre

Sur Twitter, l'ancien président américain Barack Obama, a réagi à la décision de la Cour suprême. Il l'accuse d'avoir «attaqué les libertés fondamentales de millions d'Américaines».«Aujourd'hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit», a-t-il ajouté. 

La principale organisation de planning familial américaine a, quant à elle, promis de continuer à «se battre». «Vous ressentez sans doute beaucoup d'émotions - de la douleur, de la colère, de la confusion. C'est normal, nous sommes avec vous et nous n'arrêterons jamais de nous battre pour vous», a tweeté Planned Parenthood.

 

Dans une allocution, le président américain Joe Biden, qui avait déjà promis d'agir s'il le faut par décret pour protéger l'accès à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), malgré une marge de manœuvre en la matière est très mince, a appelé les électeurs à manifester «pacifiquement» et à réclamer ce droit «dans les urnes» lors des élections législatives de novembre, pour obtenir une majorité favorable à l'adoption d'une «loi fédérale» et garantir le droit à l'avortement au niveau national.

De son côté, l'ancien vice-président républicain des Etats-Unis, Mike Pence, a lui, chaleureusement salué la décision de la Cour suprême révoquant le droit à l'avortement, «jeté aux oubliettes de l'Histoire». «En renvoyant la question de l'avortement aux Etats et au peuple, la Cour suprême a réparé une erreur historique», s'est félicité ce fervent chrétien évangélique, qui fut le bras droit de Donald Trump à la Maison Blanche.

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