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Tout savoir sur Ayman al-Zawahiri, le chef d’al-Qaida tué à Kaboul

Ayman al-Zawahiri avait succédé en 2011 à Oussama Ben Laden comme chef d'al-Qaida. [SITE INTELLIGENCE GROUP / AFP]

Le chef d'al-Qaida, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone américain. Depuis 2011 et la disparition d’Oussama Ben Laden, il avait pris la tête de la nébuleuse jihadiste.

Gestionnaire falot à la tête d'al-Qaida comparé à son prédécesseur Ben Laden, l'Egyptien Ayman al-Zawahiri, dont la mort a été annoncée lundi par Joe Biden, a théorisé l'essaimage des franchises jihadistes sans vraiment les contrôler.

S'il fut l'un des concepteurs des attentats du 11 septembre 2001, «le plus grand succès de Zawahiri est d'avoir maintenu al-Qaida vivante», selon Barak Mendelsohn, professeur à l'université Haverford de Pensylvannie.

Zawahiri était l'un des terroristes les plus recherchés au monde et les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver. Il avait pris la tête d’al-Qaida en 2011, après la mort d'Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan.

40 ans de jihad

Le théoricien à la barbe fournie et aux larges lunettes, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, était entré dès l'âge de 15 ans chez les Frères musulmans et aura survécu à plus de 40 ans de jihad, une rarissime longévité, avant d'être tué à 71 ans.

Né le 19 juin 1951 à Maadi, près du Caire, au sein d'une famille bourgeoise -son père était un médecin réputé et son grand-père un grand théologien de la mosquée d'Al-Azhar dans la capitale égyptienne-, Ayman al-Zawahiri devient chirurgien. 

Ses convictions sont précoces : il intègre la confrérie des Frères musulmans dès l'adolescence.

Impliqué dans l'assassinat, en 1981, du président égyptien Anouar al-Sadate, il est emprisonné pendant trois ans puis rejoint l'Arabie saoudite et le Pakistan au milieu des années 1980, où il soigne les jihadistes combattant les Soviétiques et rencontre Ben Laden.

Longtemps à la tête du Jihad islamique égyptien (JIE), il ne rejoindra al-Qaida qu'à la fin des années 1990.

Washington le met sur sa «liste noire» pour avoir soutenu les attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en août 1998. Il est également condamné à mort par contumace en Egypte pour de nombreux attentats, dont celui de Louxor, en 1997 (62 morts dont 58 touristes étrangers).

En 2002 puis en 2007, il est annoncé mort mais réapparaît. Devenu le bras droit de Ben Laden, il est également son médecin. Il «n'est pas intéressé par le combat dans les montagnes. Il réfléchit plus sur le plan international», disait de lui Hamid Mir, biographe de Ben Laden, cité par le think tank Counter-Extremism Project (CEP).

Avec lui, de fait, «al-Qaida est devenue de plus en plus décentralisée, l'autorité reposant principalement dans les mains des responsables de ses filiales», a ajouté le CEP, qui lui attribue pour autant un rôle de premier plan dans la réorganisation de nombreux groupes jihadistes. 

Depuis 2011, il a vécu terré entre Pakistan et Afghanistan, limitant ses apparitions à des vidéos de prêches monotones. Qu'il soit responsable de son déclin ou qu'il ait réussi à l'amortir, il laisse à tout le moins une organisation aux antipodes de l'internationale jihadiste en guerre contre les Etats-Unis, dont rêvait Ben Laden.

Il n'aura jamais acquis l'aura de Ben Laden

Annoncé mort ou mourant à plusieurs reprises, il avait multiplié récemment les signes de vie. «L'aisance et la capacité de communication apparemment accrues d'al-Zawahiri ont coïncidé avec la prise de contrôle de l'Afghanistan par les Talibans», selon un rapport de l'ONU publié à la mi-juillet.

Malgré son rôle dans les attentats de 2001, la signature fondamentale d'al-Qaida, il n'aura jamais acquis l'aura macabre d'Oussama Ben Laden.

Paradoxalement, les Etats-Unis semblaient, presque, se désintéresser de lui. Jusqu'à l'annonce par le président américain en personne de sa mort, lors d'une «opération antiterroriste» ce week-end.

Quel successeur ?

Saif al-Adel, ex-lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes et figure de la vieille garde d'al-Qaida, est souvent cité pour reprendre les rênes. Sauf si une jeune génération venait à émerger.

Dans tous les cas, la nébuleuse devra encore s'imposer vis-à-vis de son grand rival, le groupe Daesh, avec lequel elle s'affronte, idéologiquement et militairement, sur de multiples terrains de prédation.

Selon la dernière évaluation de l'ONU, le contexte international est toutefois «favorable à al-Qaida qui entend à nouveau être reconnu comme le fer de lance du jihad mondial et pourrait à terme constituer une menace plus importante».

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