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Explosion de Beyrouth : Emmanuel Macron appelle à une reprise de l'enquête pour que «justice soit rendue»

En 2020, Emmanuel Macron s'était rendu à Beyrouth deux jours après l'explosion, puis à nouveau un mois après. [Ludovic MARIN / AFP]

A l'occasion du deuxième anniversaire de l'explosion du port de Beyrouth, Emmanuel Macron appelle à la reprise de l'enquête, suspendue depuis des mois.

Le Liban s'est réveillé le coeur lourd, en ce jour anniversaire douloureux. Le 4 août 2020, le port de Beyrouth était frappé d'une terrible explosion qui a défiguré des quartiers entiers de la capitale, tué plus de 200 personnes et fait plus de 6.500 blessés. Deux ans après, la lumière n'a pas été faite sur l'événement et la colère est toujours grande. Dans un entretien au quotidien libanais L'Orient-Le Jour, Emmanuel Macron appelle ainsi à «une reprise de l'enquête», suspendue depuis plusieurs mois.

En 2020, le président français s'était rendu sur place dans les jours suivant la catastrophe. Témoignant de la «solidarité de la France», il avait promis «un soutien à la reconstruction» et plaidé pour l'ouverture d'une enquête internationale. Mais son homologue libanais de l'époque, Michel Aoun, avait rejeté cette idée.

Emmanuel Macron s'était malgré tout fortement mobilisé, co-organisant notamment trois conférences de soutien avec l'ONU. «La France a entraîné une mobilisation internationale exceptionnelle et inédite pour éviter l’effondrement institutionnel, financier, économique, social et culturel brutal du pays», affirme-t-il. Mais, il le reconnaît, les résultats escomptés n'ont pas été obtenus, faute d'avoir pu «dépasser la force d'inertie du système libanais et de ses acteurs».

En effet, au-delà des dégâts matériels et humains engendrés, la destruction du port de Beyrouth a plongé le pays dans une crise politique et sociale. Le fait que la déflagration ait été déclenchée par un incendie dans un entrepôt qui abritait des tonnes de nitrate d'ammonium stockées «sans mesure de précaution», de l'aveu des autorités elles-mêmes, a notamment suscité la colère des Libanais. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Hassan Diab avait ainsi démissionné peu de temps après la catastrophe, le 10 août.

Une longue période d'instabilité commençait alors, Moustapha Adib puis Saad Hariri se succédant brièvement au poste de Premier ministre. Après que ce dernier, incapable de former un gouvernement, a finalement lui aussi jeté l'éponge, le pays a dû attendre 13 mois pour disposer d'un nouveau gouvernement, dirigé par Najib Mikati.

«Impatiences» et «frustrations»

Dans le même temps, les tensions n'ont fait que croître lorsque le juge Fadi Sawan, chargé de l'enquête sur l'explosion, a été récusé en février 2021, juste après avoir inculpé Hassan Diab, ex-Premier ministre, ainsi que trois anciens ministres pour leur implication dans l'affaire.

Son successeur, Tareq Bitar, s'est lui aussi heurté à la résistance du Parlement qui a réclamé des «preuves» supplémentaires pour accéder à sa demande de lever l'immunité de trois députés ayant occupé des postes ministériels. Menacé par le Hezbollah, Tareq Bitar a été contraint de suspendre son enquête a plusieurs reprises, visé par différentes plaintes.

En août 2021, Amnesty international a même accusé les autorités libanaises d'entraver les investigations de manière «éhontée» et sans scrupule. Pour tenter de contourner le problème, plus de 140 ONG locales et internationales ainsi que des survivants et des proches de victimes ont lancé un appel à l'ONU en faveur de l'ouverture d'une enquête internationale.

Aussi, si Emmanuel Macron dit «connaître et comprendre les impatiences et les frustrations» et promet de ne pas «se résigner», il demande toutefois de ne «pas se tromper de cible en interpellant toujours la France sur ce qu’elle fait, ne fait pas, ou ne fait pas assez.»

Aujourd'hui, il est temps que «justice soit rendue», estime le président de la République. Pour cela, il faut selon lui que l'enquête reprenne jusqu'à ce qu'elle soit «menée à son terme, en toute indépendance et à l'écart de toute interférence politique». Engageant la responsabilité des dirigeants libanais dans les blocages qui entravent encore le redémarrage du pays du Cèdre, le président français pense que «le besoin de connaître la vérité» doit primer : «Le Liban [...] a également besoin de justice pour se redresser».

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