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Suède : tout savoir sur Jimmie Akesson, en passe de porter l'extrême-droite au pouvoir

Une grande coalition de droite devrait remporter les élections législatives en Suède, mercredi. En son sein, le parti d’extrême-droite des Démocrates de Suède serait le plus puissant. Une position de force obtenue grâce à son leader, Jimmie Akesson, qui a dédiabolisé et fait grandir son camp.

De paria à patron. Mercredi, au moment de l’annonce des résultats des élections législatives suédoises (retardée à cause des scores très serrés), Jimmie Akesson a toutes les chances de jubiler. Il a même pu déjà commencer, puisque son parti, les Démocrates de Suède, classé à l’extrême-droite, est annoncé comme le premier du bloc conservateur, qui devrait remporter le scrutin (49,8 % des voix, contre 48,8 pour la gauche unie, selon les dernières estimations).

Avec près de 21 % des voix, le «Sverigedemokraterna» (SD), en langue originale, est celui qui a porté l’union des droites. Si le fait qu’il ait pu intégrer cette alliance était déjà un tour de force, son rôle désormais incontournable dans la politique suédoise en est un autre. La finalité d’un long chemin dé dédiabolisation, mené par son leader, Jimmie Akesson.

Chasse aux néo-nazis

Cela fait plus de dix-sept ans que celui-ci est à la tête de la formation. Agé de 26 ans à l’époque (en 2005), il avait commencé par en améliorer l’image, alors qu’il ne réunissait à cette époque qu’environ 1 % des voix. Les membres qui ne cachaient pas leurs idées néo-nazies ou qui formaient des groupuscules nostalgiques des SS ont été chassés, tandis que la tolérance zéro s’appliquait à la violence et au racisme.

Symbole de cette volonté, Jimmie Akesson avait fait disparaître le logo inquiétant du parti, une torche, pour le remplacer par une anémone aux couleurs de la Suède.

Une image d'homme ordinaire

L’homme, né le 17 mai 1979 (43 ans), a aussi utilisé sa personnalité pour «démocratiser» le SD. Il a grandi au sein de la classe moyenne suédoise, avec un père entrepreneur et une mère aide-soignante, dans une petite ville rurale de 9.000 habitants. Des racines qu’il n’a cessé de mettre en avant. «Il veut donner l'image d'une personne ordinaire, qui fait griller des saucisses, part en voyage aux îles Canaries en vol charter et parle de façon ordinaire, (un) voisin vivant dans un lotissement abordable dans une petite agglomération», a ainsi décrit à l'AFP Jonas Hinnfors, professeur en sciences politiques à l'université de Göteborg.

Jimmie Akesson se dit également fan de romans policiers et friand du duo pizza/frites lorsqu’il s’agit de se faire plaisir à table.

Anti-immigration, racines viking, addiction…

En parallèle, son discours anti-immigration, alors que la Suède a été l'un des pays européens ayant accueilli le plus de demandeurs d’asile au moment de la crise migratoire de 2014-2015 (entre 250.000 et 300.000 selon les sources), malgré sa petite taille (10 millions d’habitants), lui a permis de prendre de l’ampleur. Le parti SD est devenu le troisième du Parlement en 2014 (12,9 %), puis a atteint 17,5 % en 2018. Avant le succès de cette année.

Jimmie Akesson n’hésite d’ailleurs pas à jouer sur la corde patriotique et à utiliser des formules provocantes pour mobiliser son électorat, en déclarant par exemple que les musulmans étaient la «plus grande menace étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale». Le parti s’était même dit favorable à un «Swexit», avant d’y renoncer face au faible enthousiasme de ses partisans sur la question.

Les Démocrates de Suède, comme Jimmie Akesson, ont néanmoins adouci leur propos à mesure que la possibilité d’une arrivée au pouvoir s’approchait. Ce qui ne les a pas empêchés, lors de la campagne pour les législatives, de convoquer les racines vikings du pays. L’insécurité a aussi été un sujet martelé, alors que des affrontements de gangs multiplient les fusillades et les morts (plus de quarante depuis le début de l’année).

Malgré l’ascension du parti SD et sa propre réussite, Jimmie Akesson a confessé certains problèmes personnels. Il avait annoncé au moment des élections de 2014 une addiction aux jeux en ligne, a rappelé l’AFP. Puis, quelques temps plus tard, il s’était retiré de la vie publique pour une durée de six mois, victime d’un burnout.

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