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Élection présidentielle au Brésil : tout savoir sur Jair Bolsonaro, candidat à sa réélection

Jair Bolsonaro, actuel président du Brésil, n'a jamais caché son admiration pour la dictature militaire Jair Bolsonaro, actuel président du Brésil, n'a jamais caché son admiration pour la dictature militaire[MIGUEL SCHINCARIOL / AFP]

Après quatre ans au pouvoir, le président brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, est candidat à sa réélection ce dimanche.

L’élection présidentielle brésilienne a lieu ce dimanche, et Jair Bolsonaro, le président d’extrême droite sortant, a toutes ses chances de conserver sa place, même s’il reste en deuxième position dans les sondages, derrière son adversaire de gauche Lula.

Un ancien militaire à la modeste carrière politique

Jair Bolsonaro, âgé de 67 ans, originaire de Campinas, dans l’État de São Paulo, a commencé sa carrière au sein de l'armée. En 1977, il sort diplômé de l'école militaire des Agulhas Negras, la principale du pays, en pleine dictature. Il commence en tant que simple soldat puis ressort de l'académie gradé : il devient capitaine d'artillerie de l'armée de terre brésilienne.

Ses débuts en politique datent de 1986 quand il milite en faveur d'une hausse de salaire des militaires. Cet engagement lui vaudra même d'être enfermé puis jugé pour «insubordination» et «infraction grave». Il sera finalement acquitté par manque de preuves.

D'abord élu conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro en 1989, il entre au Parlement en 1990 dans les rangs du Parti démocrate-chrétien (PDC). Jair Bolsonaro est réputé mauvais orateur, et se fait davantage connaître pour ses grossièretés que pour son travail législatif. En sept mandats de député, il n'a réussi à faire adopter que deux projets de lois mineurs. Pendant trente ans, il est constamment réélu, mais change régulièrement d'étiquette politique. C’est cette modeste carrière et cette forme de discrétion qui lui permettent, lors de l’élection présidentielle de 2018, de se faire passer pour un homme politique «neuf» et antisystème.

PROPULSÉ PAR L'ÉCHEC DE LULA EN 2018

Soutenu par l'armée, la puissante Église évangélique et l'agro-business, Jair Bolsonaro a remporté l'élection présidentielle de 2018, faute de candidat d'envergure pour lui tenir tête. En effet, l'élection se déroule en plein scandale du «Lava Jato», une vaste enquête contre la corruption du précédent gouvernement, qui implique son principal adversaire politique, l'ancien président de gauche Lula. Ce dernier est mis en prison et déclaré inéligible quelques semaines avant le scrutin. Il est remplacé au pied levé par un cadre de son parti, Fernando Haddad, inconnu du grand public.

Se présentant comme le candidat anti-corruption, Jair Bolsonaro est élu au second tour avec 55 % des voix. Lors de la campagne, il est aussi victime d'une attaque au couteau par un déséquilibré, ce qui participe également à la hausse de sa cote de popularité. 

NostalGique de la dictature militaire 

Jair Bolsonaro n’a jamais caché sa nostalgie, voire son admiration pour la dictature militaire. En 2016, lorsqu’il vote en faveur de la destitution de la présidente Dilma Rousseff (gauche), il dédie son vote au colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra, qui avait torturé la cheffe d’État pendant la dictature. Admirateur du dictateur chilien Augusto Pinochet, il avait affirmé lors d’un entretien que l’erreur de la dictature brésilienne avait été «de torturer plutôt que de tuer».

Au cours de son mandat, en 2019, Jair Bolsonaro avait demandé à son ministère de la Défense d’organiser une série de commémorations dans les casernes militaires du pays pour célébrer le coup d’État du 31 mars 1964, point de départ de la dictature militaire brésilienne qui a duré jusqu’en 1985. Pendant sa carrière de député, il avait à de nombreuses reprises soutenu que le Brésil n’avait connu aucune dictature mais un «régime avec de autorité». 

Connu pour ses dérapages racistes, sexistes et homophobes 

Considéré comme fasciste, populiste et ultra-conservateur par ses détracteurs, Jair Bolsonaro, classé politiquement à l'extrême droite, s’est fait connaître pour ses nombreuses prises de parole polémiques à caractère raciste, sexiste ou homophobe et pour ses positions très radicales, notamment sur l’avortement, le port d’armes, ou l'exploitation des terres indigènes. 

Parmi elles, il avait notamment déclaré en 2014, à propos de la députée de gauche Maria do Rosario : «Elle est trop moche, ce n'est pas mon genre. Jamais je ne la violerai. Je ne suis pas un violeur, mais si je l'étais, je ne la violerais pas parce qu'elle ne le mérite pas.» En 2011, il affirmait qu’il préférait que son fils meure plutôt qu’il soit homosexuel.

Ses prises de positions controversées, sa haine du «gauchisme» et son penchant pour les théories du complot lui ont valu le surnom de «Trump des tropiques». 

Un mandat critiqué à cause du Covid-19 et de la déforestation

Le mandat de Jair Bolsonaro a été marqué par la pandémie de Covid-19, dont la gestion a été très critiquée. Corona-sceptique, le président d’extrême droite a pendant des mois qualifié la maladie de «petite grippe», refusant toute mesure de restriction pour la population ou les entreprises. Il s’est également montré très critique à l’égard des vaccins, refusant lui-même toute injection, et affirmant que les sérums allaient transformer les patients en «crocodiles». Résultat : le Brésil dénombre à ce jour plus de 685.000 morts du Covid-19.

Sa gestion de la pandémie et la désinformation qu’il a égrainée  sur le sujet lui ont valus d’être la cible de diverses enquêtes et plus de 140 demandes de destitution. Une commission d’enquête du Sénat brésilien a même demandé son inculpation pour une dizaine de crimes, dont «charlatanisme», «incitation au crime» et «crime contre l’humanité».

Autre ombre au tableau pour Bolsonaro : son bilan en matière de politique environnementale. Le président brésilien a été très critiqué pour sa gestion des incendies en Amazonie, son soutien à l’agro-business et à l’exploitation des terres indigènes. Sous son mandat, la déforestation en Amazonie a explosé de 75 % en moyenne annuelle. Les terres indigènes ont subi 305 invasions en 2021, soit 180 % de plus qu'en 2018. Son manque d’engagement pour lutter contre les gigantesques incendies de l’Amazonie en 2019 lui avait valu une passe d’armes avec Emmanuel Macron.

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