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Le prix Nobel 2022 de médecine décerné au paléogénéticien suédois Svante Pääbo

Cette année, le prix a été attribué au paléogénéticien Svante Pääbo, spécialisé dans la génétique évolutionniste. [Jonathan NACKSTRAND / AFP]

Ce lundi 3 octobre, le prix Nobel de médecine a été remis au paléogénéticien suédois Svante Pääbo, spécialisé dans la génétique évolutionniste. Il succède aux physiologistes américains David Julius et Ardem Patapoutian.

Comme le veut la tradition, le prix Nobel de médecine a ouvert le bal de cette édition 2022 ce lundi 3 octobre. Cette année, le prix a été attribué au paléogénéticien suédois Svante Pääbo, spécialisé dans la génétique évolutionniste. Il succède ainsi aux Américains David Julius et Ardem Patapoutian, récompensés l’an dernier pour leurs découvertes sur la façon dont le système nerveux transmet la température et le toucher.  

Svante Pääbo a déjà réussi à séquencer le génome de l'homme de Néandertal et à établir qu'environ 2% des gènes de l'homme moderne européen provenaient de ce lointain cousin disparu. Mais pour lui, la traque continue.

Longiligne, ce «nobélisable» suédois de 67 ans, installé en Allemagne depuis des décennies, est considéré comme l'un des pères de la paléogénétique - qui combine l'étude de l'ADN et celle des fossiles.

Fils d'une chimiste, amoureux de l'Égypte

Né à Stockholm, Svante Pääbo a la science dans la peau. Sa mère est une chimiste estonienne. Il est aussi, comme il l'écrit dans son livre, «le fils illégitime et secret de Sune Bergström, biochimiste célèbre» qui a eu un Prix Nobel en 1982.

A 13 ans, Svante Pääbo visite l'Egypte avec sa mère. «La découverte des pyramides, des momies, a constitué une expérience incroyable pour moi».

Il se lance dans des études en égyptologie à l'université d'Uppsala (Suède). C'est la déception. «Au lieu de jouer les Indiana Jones, je devais apprendre la grammaire de l'Egypte ancienne...»

Le jeune homme se tourne alors vers la médecine et obtient un doctorat en biologie moléculaire. Mais il n'oublie pas l'Egypte. Il étudie - d'abord en secret - des petits fragments de momie pour chercher de l'ADN ancien. Il pense en avoir trouvé et publie son premier article en 1985. Il s'apercevra plus tard qu'il s'agissait d'une contamination par de l'ADN humain moderne.

Mais Svante Pääbo a désormais trouvé sa voie, qui le conduira à vivre aux Etats-Unis puis en Allemagne : décrypter l'ADN ancien d'abord d'animaux disparus puis de l'homme de Néandertal. «Ce que je voulais, c'est éclairer l'histoire de l'humanité».   

Il a aussi rencontré très vite son ennemi juré : la contamination par de l'ADN humain moderne, que l'on trouve partout y compris dans les particules de poussières. 

Dans les laboratoires qu'il dirige, il crée des «salles blanches» et impose à ses équipes toujours plus de règles pour éviter que les résultats ne soient faussés.

Svante Pääbo prend la direction du département de génétique du tout nouvel Institut Max-Plank d'anthropologie évolutionniste de Leipzig. Il lance un ambitieux projet de séquençage du génome de l'homme de Néandertal.

En 2009, il parvient, avec ses équipes, à obtenir la première séquence complète de l'ADN de néandertalien. Et découvre qu'environ 2% des gènes de l'homme de Néandertal sont encore présents chez l'homme moderne européen et asiatique.

«D'une certaine façon», ces travaux ont réhabilité Néandertal, parfois présenté comme une brute épaisse, reconnaît-il. S’il y a eu des croisements, c'est que «certains de nos ancêtres les ont trouvés suffisamment attractifs pour faire des bébés avec eux». «Et d'une certaine façon, ils ne sont pas complètement éteints. Ils vivent encore un peu en nous».

L'homme de Néandertal a cohabité un temps avec l'homme moderne en Europe avant de disparaître totalement il y environ 30.000 ans.

Le généticien s'étonne du succès de son livre, paru en anglais il y a un an, et «qui doit être traduit dans quinze langues». «Je l'ai écrit pour que mes fils, qui ont 3 et 10 ans, puissent le lire plus tard et savoir ce que Papa a fait quand il était plus jeune».

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