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Etats-Unis : le Sénat aux mains des démocrates, Donald Trump affaibli... ce qu'il faut retenir des Midterms

Joe Biden au côté du démocrate Wes Moore, élu gouverneur du Maryland. [AP]

Entre déception relative pour les républicains et résultats inespérés pour les démocrates, les élections de mi-mandat organisées le 8 novembre aux Etats-Unis ont réservé plusieurs surprises.

La Chambre des représentants penche côté républicain

«Il est clair que nous allons reprendre la Chambre des représentants» : le ténor républicain Kevin McCarthy affichait son optimisme dans la nuit de mardi à mercredi, au moment où les résultats continuaient d'affluer.

Ce dimanche 13 novembre, le «GOP» comptabilise 201 sièges contre 204 pour les démocrates. Le dépouillement n'étant pas terminé dans tous les Etats, une vingtaine de représentants attendent encore d'être officiellement élus ou réélus. Samedi, une projection de la chaîne NBC News prédisait une très courte majorité de  219 sièges pour le parti républicain.

Pour Jean-Eric Branaa, maître de conférence à Paris 2 Panthéon Assas et spécialiste de la politique américaine, la Chambre risque de devenir «ingouvernable». «On va assister à des négociations incessantes entre les républicains modérés et les républicains trumpistes qui vont vendre très chacune de leur voix», estime l'expert.

Le Sénat reste démocrate

Officialisée samedi, la réelection de la sénatrice démocrate Catherine Cortez Masto dans l'Etat clé du Nevada porte à 50 sur 100 le nombre d'élus démocrates au Sénat, ce qui permet au parti de Joe Biden de garder la main sur la chambre haute du Congrès. En vertu de la Constitution, la vice-présidente Kamala Harris a en effet le pouvoir de départager les sénateurs.

Un peu plus tôt, l'astronaute et sénateur démocrate Mark Kelly avait été réélu dans un autre Etat-clé, l'Arizona, face au candidat trumpiste Blake Masters. Les démocrates pourraient encore gagner un siège dans l'Etat de Géorgie, où un second tour sera organisé le 6 décembre.

La victoire démocrate au Sénat est un coup dur pour l'opposition républicaine. Sans l'aval cette chambre, le parti ne ne pourra pas faire passer ses lois ni bloquer les nominations présidentielles à la Cour suprême ou dans la haute administration.

Pas de «vague rouge» républicaine

La vague «rouge», couleur des républicains, n'a pas eu lieu dans les proportions dessinées par de nombreuses prédictions d'avant-scrutin. Joe Biden conserve sa majorité au Sénat et ne devrait perdre qu'une poignée de sièges à la Chambre des représentants, qui peuvent certes lui coûter sa majorité.

En 2018, Donald Trump avait lui aussi garder sa mainmise sur le Sénat mais il avait vu pas moins de 41 sièges de la Chambre des représentants basculer du côté démocrate.

«Il n'y pas eu de vague rouge car la plupart des sortants ont été réélus. Le dégagisme anti-système promu par Donald Trump n'a pas eu lieu», commente pour CNEWS Jean-Eric Branaa.

Donald Trump fragilisé, ron desantis triomphant

Les résultats provisoires des midterms sont décevants pour Donald Trump, qui comptait sur une «victoire écrasante» pour préparer le terrain à sa «très grande annonce», prévue pour le 15 novembre prochain.

Hormis J.D. Vance, élu sénateur dans l'Ohio, les candidats cornaqués par l'ancien président ont enregistré des scores plus que mitigés. «La ligne radicale de Donald Trump, toujours convaincu d'avoir remporté l'élection présidentielle de 2020, ne fait plus recette. Y compris au sein de son propre parti», souligne Jean-Eric Branaa.

Car la sensation républicaine de ces midterms est bien Ron DeSantis. Réélu gouverneur de Floride avec quasiment 60 % des voix, il s'affiche comme le probable candidat des républicains pour 2024.

Pourfendeur du «wokisme», opposant à l'IVG, Ron DeSantis représente une ligne dure chez les républicains. Surnommé «Ron-la-Morale» par Donald Trump, il se présente comme un père de famille croyant et intègre. Une image plus propre que celle de l'ancien président.

«Comme Donald Trump, Ron DeSantis aime la provocation et les coups médiatiques. Mais c'est aussi un bosseur qui occupe le terrain. Les habitants de Floride l'ont remarqué au moment de la pandémie et de l'Ouragan Ian», explique notre spécialiste des Etats-Unis.

Donald Trump n'a pas attendu pour s'en prendre à son nouveau rival. Dans un long communiqué diffusé le 10 novembre, l'ancien président estime que Ron DeSantis lui doit sa carrière politique et accuse le gouverneur de masquer ses ambitions pour 2024.

Joe Biden fait de la résistance

Joe Biden peut célébrer une victoire sur les sondages, qui lui prédisaient une défaite cuisante en raison, notamment, de l'inflation qui frappe les Etats-Unis.

«Les démocrates ont profité du vote des jeunes, qui se sont déplacés en masse mardi», avance Jean-Eric Branaa pour expliquer la résilience du camp démocrate.

Autre hypothèse : selon un sondage d’AP, les enjeux de démocratie ont mobilisé une grande partie des électeurs, ce qui a pu profiter au camp de Joe Biden. «Sa stratégie de faire de ces élections un référendum contre Trump semble avoir fonctionné», poursuit notre expert.

Le président démocrate, qui risque malgré tout de gouverner avec une minorité au Congrès, n'a pas oublié de faire un pas vers l'opposition républicaine, affirmant être ouvert à toutes les «bonnes idées».

L'occasion pour lui d'endosser son costume favori de négociateur stratège, hérité de sa longue carrière de sénateur. Selon la Maison Blanche, il a déjà échangé avec le républicain Kevin McCarthy, pressenti pour être le prochain président de la Chambre des représentants en cas de victoire du «GOP».

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