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Guerre en Ukraine : tout comprendre au plafonnement des prix du pétrole russe, qui entre en vigueur ce lundi

Cet accord interdit aux entreprises des pays signataires de fournir des services permettant le transport maritime de pétrole russe, sauf si le prix de ce dernier est inférieur ou égal à 60 dollars le baril. [JOHN THYS / AFP]

Adopté par l’Union européenne, les pays du G7 et l’Australie dans le cadre de la guerre en Ukraine, le plafonnement du pétrole russe, qui entre en vigueur ce lundi 5 décembre, vise à restreindre les revenus de la Russie, tout en s’assurant qu’elle continue à alimenter le marché mondial.

Un embargo sur le pétrole russe. Après des heures de négociation, les pays de l'Union européenne, du G7 et l'Australie sont parvenus à finaliser un mécanisme de plafonnement des prix du pétrole russe. En s’engageant à ne pas acheter de pétrole russe au-delà de 60 dollars (57 euros) le baril, les Occidentaux veulent limiter les revenus de Moscou et l’empêcher, autant que possible, de financer sa guerre contre l’Ukraine.

Concrètement, cet accord interdit aux entreprises des pays signataires de fournir des services permettant le transport maritime de pétrole russe, sauf si le prix de ce dernier est inférieur ou égal à 60 dollars le baril. Or, les pays du G7 fournissent les prestations d’assurance pour 90 % des cargaisons mondiales, et l’UE est un acteur majeur du fret maritime. Cette mesure leur assure donc un pouvoir de dissuasion crédible. La Russie étant le deuxième exportateur mondial de pétrole brut, sans ce plafond, il lui serait facile de trouver de nouveaux acheteurs aux prix du marché.

Une mesure plus symbolique que contraignante

Pour autant, le plafond n’aura pas un effet magique. Le cours du baril de pétrole russe est actuellement évalué autour de 65 dollars, soit à peine plus que le plafond de 60 dollars. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé ce samedi qu’il ne s’agissait pas d’une «décision sérieuse», suggérant qu’il fallait fixer un plafond deux fois plus bas.

Une solution impossible à envisager puisque si elle entraînerait une catastrophe financière pour la Russie, elle provoquerait également une forte augmentation du prix à la pompe pour les consommateurs européens. L’effet économique sera donc relativement limité, mais il s’agit plutôt d’une décision symbolique qui affirme une nouvelle fois la cohérence des Occidentaux face à la politique russe.

peur d'une flambée des cours

Et justement, les Occidentaux ont adopté un plafond à 60 dollars, soit un niveau de prix très supérieur au coût de production actuel du pétrole en Russie, pour inciter Moscou à continuer de pomper du brut, pour continuer à générer des revenus, même s’ils sont entamés par le plafond.

«Il faut que la Russie garde un intérêt à vendre son pétrole» au risque sinon de réduire l’offre mondiale et de provoquer une envolée des cours, explique un responsable européen à l'AFP, qui ne croit pas aux menaces du Kremlin de cesser ses livraisons aux pays respectant le plafonnement. Selon lui, la Russie restera soucieuse de maintenir l’état de ses infrastructures (qui s’endommageraient en cas d’arrêt de production) et de garder la confiance de ses clients, dont la Chine et l’Inde.

Les autres pays invités à respecter le plafond

Concernant le reste du monde, tous les autres pays sont invités à s’associer à ce mécanisme de plafonnement. S’ils ne le font pas, ils pourront continuer à acheter du pétrole russe au-delà du plafond fixé, mais sans recourir à des services occidentaux (assurance, transport, courtage…). Il sera donc très compliqué pour ces pays de trouver des solutions alternatives car toute solution improvisée (notamment l’assurance en cas de fuite d’hydrocarbures) serait extrêmement risquée.

Chaque Etat de l’UE et du G7 devra par ailleurs surveiller les entreprises basées sur son territoire. Et si un navire battant le pavillon d’un pays tiers est identifié comme transportant du pétrole russe à un prix excédent le plafond, il sera interdit aux opérateurs occidentaux de l’assurer et de le financer pendant 90 jours.

La menace du kremlin

En retour, le Kremlin a prévenu qu’il ne livrerait plus de pétrole aux pays signataires de l’accord. De quoi placer certaines nations dans une position très inconfortable, puisqu’elles devront choisir entre perdre l’accès au pétrole brut russe bon marché, ou s’exposer aux sanctions. Certaines entreprises européennes pourraient également perdre des marchés au profit de nouveaux concurrents ne se soumettant pas à des mesures de restriction.

La Russie pourrait donc être tentée de créer sa propre flotte de navires, opérée et assurée par ses soins, mais construire cet écosystème maritime complet serait long et compliqué. De la même manière, cette solution improvisée pourrait ne pas convaincre les potentiels clients.

Enfin, ce plafond sera réexaminé dès la mi-janvier, puis tous les deux mois, avec la possibilité de le modifier selon les évolutions des cours, avec le principe qu'il soit toujours fixé à un niveau inférieur d’au moins 5 % du prix moyen du marché. Toute révision nécessitera l’accord des membres du G7, de l’Australie et de l’ensemble des 27 pays de l’UE.

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