Un tribunal de Moscou a condamné l'opposant russe Ilia Iachine à huit ans et demi de prison ce vendredi 9 décembre. Il avait été arrêté en juin dernier et jugé pour avoir dénoncé l'invasion de l'Ukraine. Proche d'Alexeï Navalny, il fait partie des derniers leaders d'opposition encore présents en Russie.
élu moscovite et opposant à Poutine
Né à Moscou en 1983, Ilia Iachine s'est engagé en politique dès son plus jeune âge en militant pour le mouvement social-libéral «Iabloko». Leader de la branche moscovite, il s'est fait connaître en prenant la parole dans les médias.
Avec l'ancien ministre Boris Nemtsov et le joueur d'échecs Garry Kasparov, il a fondé en 2008 le parti libéral Solidarnost, opposé à Vladimir Poutine. Le nom est emprunté à celui du syndicat polonais Solidarność qui a lutté contre le régime communiste dans les années 1980. En 2015, le parti est frappé par la mort de Boris Nemtsov, assassiné près de la place Rouge dans des circonstances troubles.
Agé de 39 ans, ce proche d'Alexeï Navalny était avant son arrestation membre du conseil des députés de l'arrondissement de Krasnosselski, au centre de Moscou.
contre la guerre en Ukraine
Condamné ce vendredi huit ans et demi de prison, Ilia Iouchine était accusé d'avoir «diffusé de fausses informations» sur les actions de l'armée russe en Ukraine avec «incitation à la haine».
Il lui était particulièrement reproché d'avoir évoqué sur sa chaîne YouTube les exactions commises par l'armée russes sur les civils ukrianiens de Boutcha, en diffusant notamment un reportage de la BBC.
Ilia Iouchine était poursuivi sur la base d'articles du code pénal introduits peu après le début de l'offensive en Ukraine et qui punissent ceux qui «discréditent» l'armée ou «publient de fausses informations» à son sujet.
l'une des dernières voix contestataires en Russie
Ilia Iouchine était avant son arrestation l'un des rares opposants politiques à Vladimir Poutine encore en liberté. Alors que plusieurs d'entre eux ont fait le choix de l'exil (dont Garry Kasparov), Ilia Iouchine a voulu rester au pays malgré les risques d'arrestation.
«Le Kremlin table sur le fait que l’émigration des opposants entraîne leur décrédibilisation (...) Le pouvoir veut surtout éviter que les responsables de l’opposition soient vus en héros à la suite de leur emprisonnement (...) Poutine veut montrer au public que les opposants n’ont pas d’idéologie, mais sont juste des agents occidentaux et des marionnettes s’enfuyant vers leurs "maîtres", abandonnant leur patrie au premier danger», a-t-il expliqué au Monde en août dernier.
Russie : Ilya Yashin a été reconnu coupable et condamné à 8 ans et demi de prison pour avoir diffusé des faux sur l'armée russe sur YouTube, en rapport avec le massacre de Bucha. pic.twitter.com/9lxZ33mU7e
— Rebecca Rambar (@RebeccaRambar) December 9, 2022
L'opposant a accueilli, en riant, le verdict de ce procès que Moscou avait l'intention de transformer en tribune politique.
L'autre figure de l'opposition russe Alexeï Navalny a immédiatement dénoncé un «verdict honteux», dans un message posté sur ses réseaux sociaux.
3/4 Another shameless and lawless verdict by Putin's court will not silence Ilya and should not intimidate the honest people of Russia. This is yet another reason why we need to keep fighting, and I have no doubt we will ultimately win.
— Alexey Navalny (@navalny) December 9, 2022
Emprisonné depuis 2021, l'opposant a également adressé un message à son ami Ilia Iachine, dont il se dit «fier», et capable de «survivre à tout».