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Etats-Unis : tout savoir sur Kevin McCarthy, le nouveau «speaker» de la Chambre des représentants

Chef du groupe républicain à la Chambre depuis 2014, Kevin McCarthy a su droitiser sa position pour garder son influence au sein des républicains. [Reuters]

Kevin McCarthy a finalement été élu «speaker» (président) de la Chambre des représentants ce 7 janvier, à l'issue d'un blocage historique dans la chambre basse des Etats-Unis. Une victoire amère pour ce cadre du parti républicain, qui a dû céder aux demandes des élus les plus radicaux de son camp.

Un «speaker» contesté par les pro-trump

Il aura fallu pas moins de quinze tours de scrutin et quatre jours d'une pagaille inédite pour que le républicain Kevin McCarthy soit élu samedi 7 janvier «speaker» de la Chambre des représentants – équivalent du président de l'Assemblée nationale.

La faute à une vingtaine d'élus trumpistes, membres du groupe ultra-conservateur «Freedom Caucus», qui ont profité de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat du 8 novembre pour venir jouer les trouble-fêtes. Jugeant Kevin McCarthy trop modéré et trop proche de l'«establishment» de Washington, ils ont bloqué son élection jusqu'à obtenir, selon la presse américaine, d'importantes concessions.

Ces républicains radicaux, dont beaucoup ont refusé de reconnaître la victoire de Joe Biden en 2020, auraient ainsi obtenu une procédure simplifiée pour éjecter le «speaker» de la Chambre et négocié des postes importants dans les différentes commissions parlementaires.

Ce blocage restera dans l'histoire de la politique américaine. C'est la première fois depuis 1923 que le «speaker» n'est pas élu au premier tour et la première fois depuis 1859 qu'il est élu après quinze tours. Une situation qui préfigure des discussions musclées entre les républicains modérés et les trumpistes radicaux.

un républicain aux positions fluctuantes

Chef du groupe républicain à la Chambre depuis 2014, Kevin McCarthy est parti d'un positionnement républicain classique, axé sur la défense du marché et la réussite individuelle, pour finalement endosser le glissement à droite de sa formation politique sur l'immigration, la criminalité ou contre les droits des personnes LBGT.

Après l'élection de Joe Biden, contestée par le camp Trump, il s'est illustré par son opportunisme. Partisan du milliardaire républicain dans les primaires de 2015, Kevin McCarthy avait initialement épousé la thèse d'une élection «volée». Mais après l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021, il avait rapidement déclaré que Donald Trump «portait une responsabilité» dans les violences commises par ses partisans.

A peine une semaine plus tard, il se faisait photographier tout sourire au côté de l'ancien président dans les salons dorés de Mar-a-Lago, la résidence de Floride du magnat de l'immobilier, louant les vertus d'un «mouvement conservateur uni».

C'est au nom de cette unité que Kevin McCarthy a opéré un rapprochement avec les fidèles lieutenants de Donald Trump au Congrès. Mais d'autres partisans de l'ancien président n'ont pas été convaincus, persistant à le défier même après que Donald Trump les a appelés à voter pour lui. Il «s'est vendu à tout le monde pendant des décennies», a ainsi justifié le frondeur Matt Gaetz, l'un des six républicains qui sont restés jusqu'au bout opposés à Kevin McCarthy.

un ambitieux qui prend sa revanche

Né en 1965 à Bakersfield, un bastion républicain au coeur de l'Etat démocrate de Californie, Kevin McCarthy est le fils d'un pompier et d'une femme au foyer démocrates. Sur son site internet, il met en avant ses origines populaires et promet de «défendre le rêve américain pour ceux qui travaillent dur».

Il raconte aussi comment il a ouvert à 21 ans un petit commerce de sandwichs et découvert les tracas de la bureaucratie. Il a cependant vite repris des études universitaires et est devenu assistant parlementaire, puis élu local, jusqu'à faire son entrée à la Chambre des représentants en 2006.

En devenant «speaker», McCarthy prend sa revanche sur sa précédente tentative, en 2015. A l'époque, il était déjà favori, mais une bourde l'avait forcé à retirer sa candidature. Lors d'un entretien télévisé, il s'était vanté qu'une commission d'enquête sur l'attentat contre l'ambassade américaine en Libye ait sapé les chances de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton dans la campagne présidentielle. Ses propos avaient été perçus comme l'aveu d'une instrumentalisation politique du drame, inacceptable pour l'opinion. 

un combattant acharné de l'administration Biden

Depuis que les démocrates ont repris la Maison Blanche, le Californien a choisi l'opposition frontale. Il y a un an, par exemple, il a monopolisé la parole à la Chambre pendant plus de huit heures, uniquement pour retarder le vote sur un plan massif d'investissements dans les infrastructures porté par le président Joe Biden.

Rappelant cet épisode, il a minimisé samedi le chaos qui a précédé son élection, du jamais vu depuis 1859. «Je détiens le record du plus long discours dans l'hémicycle, je n'ai pas de problème à décrocher celui du plus grand nombre de tours de vote pour être élu speaker !»

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