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Changement climatique : la moitié des langues parlées dans le monde pourraient disparaître d’ici à la fin du siècle, alertent des linguistes

Si depuis les années 1920 la moitié des langues d'Australie, d'Amérique et d'Afrique du Sud ont disparu, la crise climatique apparait désormais comme «le coup de grâce» pour de nombreuses langues indigènes. [AFP]

La moitié des langues parlées aujourd’hui, soit plus de 7.000, devraient disparaître d’ici à la fin du siècle à cause de la crise climatique. c'est ce qu'affirme les Nations Unies (UN) dans un communiqué. Les populations insulaires sont particulièrement concernées, forcées de migrer.

Une situation qui alarme les linguistes du monde entier. A l’occasion de la Décennie Internationale des Langues Autochtones 2022-2032, le 13 décembre dernier, les Nations Unies ont publié un communiqué indiquant que la moitié des langues parlées aujourd’hui, soit 7.000, pourraient disparaitre d’ici à 2100, à cause de la crise climatique. Ainsi, les populations insulaires sont particulièrement concernées, forcées de migrer.

Tous les 15 jours, une langue meurt en moyenne, d'après une première étude de l'Unesco datant de 1997. Cette perte «catastrophique» est amplifiée par la crise climatique, selon les linguistes.

Si rien n'est fait, des estimations ont suggéré que la moitié des 7.000 langues actuellement parlées auront disparu d'ici la fin du siècle. D’autres plus pessimistes encore, ont émis l’idée qu’il ne resterait que 300 à 600 langues d’ici à 2100, dans le monde. 

Au cours des dix dernières années, l'Asie et le Pacifique ont été les régions les plus touchées par les déplacements à l'échelle mondiale. Les États insulaires du Pacifique sont ainsi les plus impactés en termes de population concernée pour chaque évènement climatique extrême.

La mondialisation et la migration comme principales causes

Si depuis les années 1920, la moitié des langues indigènes d'Australie, des États-Unis, d'Afrique du Sud et d'Argentine ont disparu à cause de la colonisation et des persécutions, la crise climatique apparait désormais comme «le coup de grâce» pour de nombreuses langues indigènes. 

En effet, les catastrophes climatiques, dont la majorité sont liées aux conditions météorologiques, ont été à l'origine de 23,7 millions de déplacements internes en 2021, contre 18,8 millions en 2018.

Le Vanuatu, une nation insulaire qui se trouve en Océanie, est le parfait exemple pour la situation. D’une superficie de 12.189 km2, le pays compte 110 langues, une pour 111 km2, soit la plus forte densité de langues de la planète. C'est aussi l'un des pays les plus menacés par l'élévation du niveau de la mer.

Ces langues sont parfois parlées par seulement une centaine de personnes. Si ces dernières sont amenées à se déplacer et donc s’éparpiller, elles ne pourront plus parler leur langue natale. Ce qui explique ainsi la disparition de très nombreuses langues et avec, des cultures entières qui finiront par disparaitre à leur tour.

La Décennie Internationale des Langues Autochtones 

En réponse à cette crise, les Nations unies ont lancé en décembre la Décennie internationale des langues autochtones, une cérémonie qui s'est tenue à Paris, le 13 décembre dernier. Le but étant d'alerter au maximum la communauté internationale sur la situation, en faisant témoigner des communautés directement concernées. 

La préservation des langues des communautés autochtones est «non seulement importante pour elles, mais aussi pour l'humanité tout entière», a déclaré le président de l'assemblée générale des Nations unies, Csaba Kőrösi, en exhortant les pays à permettre l'accès à l'éducation dans les langues autochtones. A noter qu’une langue sur cinq dans le monde est originaire du Pacifique, selon la commission des langues Māori de Nouvelle-Zélande.

«Chaque fois qu'une langue autochtone disparaît, la pensée, la culture, la tradition et le savoir qu'elle véhicule disparaissent également», a ajouté Csaba Kőrösi, faisant référence à Ken Hale, linguiste et militant américain décédé, qui comparait la disparition d'une langue au fait de «lâcher une bombe sur le Louvre».

Bien plus qu’une langue pour certaines communautés, une étude de The Lancet publiée en octobre dernier, a également réussi à démontrer le lien qui existe entre le fait de pouvoir parler sa langue maternelle et la santé mentale. En effet, une personne dans cette situation serait moins susceptible de consommer de l’alcool ou des substances illicites, tout en s’exposant moins à la violence. 

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