En direct
A suivre

Chine : la population a baissé l’an dernier, une première en 60 ans

Le taux de fécondité en Chine était de 1,15 enfant par femme, selon les dernières données, bien loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1 enfants par femme. [STR / AFP]

La population de la Chine, pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d’habitants, a baissé en 2022 pour la première fois depuis 1960. Annoncée durable sur le long terme, cette chute démographique amorcée l’an dernier va affecter l’économie du pays et son système de retraites.

L’empire du Milieu aurait-il atteint un pic démographique ? La population de la Chine, pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d’habitants, a baissé en 2022 pour la première fois depuis 1960.

Le Bureau national des statistiques (BNS) a illustré mardi cette tendance en publiant les données démographiques dans le pays l’an passé. Dans le détail, la Chine continentale a enregistré 9,56 millions de naissances pour 10,41 millions de décès en 2022.

Ce recul n’a plus été observé dans le pays asiatique depuis 1960-1961, période à laquelle une famine démarrée en 1959 avait causé la mort de dizaines de millions de personnes. Selon l’ONU, ce déclin va permettre à l’Inde de dépasser la Chine dès 2023 au classement des pays les plus peuplés.

En 2019, l’organisation internationale tablait pourtant sur un pic de population atteint par les Chinois en 2031.

Une baisse liée à plusieurs facteurs

De nombreux facteurs ont permis d’expliquer ce déclin démographique, faisant passer le taux de fécondité à 1,15 enfant par femme chinoise en 2021. Ce dernier est loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1 enfants par femme. A titre de comparaison, le taux de fécondité était de 1,8 en France en 2020.

Pour inverser la tendance, la Chine a mis un terme à la politique de l’enfant unique il y a une décennie et a autorisé les familles chinoises à avoir trois enfants en 2021. Toutefois, les habitudes ancrées dans la société chinoise ont laissé des marques aux générations suivantes dans le domaine de la natalité.

«Il y a aussi l'habitude désormais d'avoir des petites familles, en raison de la politique de l'enfant unique en vigueur pendant des décennies», a analysé  Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l'Université de Victoria (Australie).

Le coût de la vie et donc de l’éducation d’un enfant ont bondi en Chine, ce qui a freiné la natalité dans le pays. Enfin, le niveau d’études des femmes a augmenté, ce qui a aussi eu un effet néfaste dans ce domaine.

Un impact économique fort jusqu'en 2100 

«Le déclin et le vieillissement de la population (...) auront un impact profond sur l'économie chinoise, d'aujourd'hui à 2100. La baisse de la population active est synonyme de coût du travail plus élevé, ce qui affectera la compétitivité de la Chine sur le marché mondial», a assuré Xiujian Peng. 

D’après les projections de son équipe, si aucune réforme du système de retraite n’est mise en place dans les années à venir, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100, contre 4 % en 2020.

Pour relancer le taux de natalité en Chine, les autorités locales ont instauré des mesures pour inciter les couples à avoir plus d’enfants. La métropole de Shenzhen a notamment mis en place une prime à la naissance et des allocations versées jusqu'aux trois ans de l'enfant. 

Dans les faits, une famille avec un enfant va percevoir 410 euros, puis 1.370 euros pour une troisième naissance. Au total, une famille de la localité avec trois enfants a la possibilité de bénéficier de 5.150 euros via diverses primes et allocations.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités