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Guerre en Ukraine : le déserteur de Wagner qui avait fui en Norvège a été remis en liberté

Les bureaux du groupe Wagner sont situés à Saint-Pétersbourg, en Russie. [Olga MALTSEVA / AFP]

Arrêté dimanche en vertu de la loi sur l'immigration, l'ex-mercenaire russe du groupe paramilitaire Wagner qui avait demandé l'asile en Norvège vient d'être remis en liberté ce mercredi.

Il s'appelle Andreï Medvedev, est Russe, et assure être un ex-mercenaire du groupe paramilitaire Wagner. Se présentant comme un déserteur, ce jeune homme de 26 ans avait illégalement franchi la frontière russo-norvégienne dans la nuit du 12 au 13 janvier, pour demander l'asile. Ce mercredi 25 janvier, la police norvégienne, qui l'avait arrêté dimanche dernier, a annoncé sa libération.

A son arrivée en Norvège, Andreï Medvedev a été placé sous haute protection, dans un lieu tenu secret. Dimanche, un responsable de la police, Jon Andreas Johansen, a indiqué que le déserteur avait été arrêté «en vertu de la loi sur l'immigration».

Selon l'avocat d'Andreï Medvedev, Brynjulf Risnes, le jeune Russe avait été arrêté en raison de «manquements aux règles de sécurité». «Il y a naturellement beaucoup de mesures de sécurité qui ont été prises et il trouve difficile de s'y plier, avait-il déclaré. Il trouve que c'est beaucoup et que ça n'a pas lieu d'être».

Ce mercredi, Jon Andreas Johansen a à nouveau pris la parole pour indiquer que la police chargée des affaires d'immigration «relâche M. Medvedev du centre d'internement pour étrangers de Trandum [...] sous condition de séjour dans un lieu spécifique». La police exclut pour l'heure toute extradition vers la Russie.

Dans une interview diffusée par l'ONG Gulagu il y a près de deux semaines, Andreï Medvedev a expliqué avoir été le chef d'une section d'une dizaine d'hommes au service du groupe Wagner. Il aurait ainsi participé pendant plusieurs mois aux combats en Ukraine.

Il a affirmé avoir fui après que son contrat a été prorogé contre son gré. D'après Brynjulf Risnes, Andreï Medvedev ne voulait plus faire partie du groupe Wagner après avoir vécu «quelque chose de complètement différent de ce qu'il attendait». Il aurait été témoin de plusieurs crimes de guerre.

Un ancien soldat de l'armée russe ?

Actuellement à la tête des combats pour la prise de la ville ukrainienne de Soledar, le groupe Wagner, dirigé par l'homme d'affaires Evguéni Prigojine, est soupçonné de nombreuses exactions en Ukraine et ailleurs dans le monde.

Les investigations sont toujours en cours afin de confirmer ou non qu'Andreï Medvedev a bel et bien combattu au sein de cette organisation. Lui assure en tout cas que ses «anciens employeurs» ont essayé de le retrouver. «Ils ont émis un avis de recherche pour crime (contre moi) via le ministère russe de l'Intérieur, a-t-il insisté. J'étais sous la menace d'être enlevé, d'être assassiné, d'être descendu».

Interrogé par la BBC, le fondateur de Gulagu, Vladimir Osechkin, appuie sa version et indique que le jeune homme a intégré le groupe paramilitaire en juillet 2022. Il le décrit comme un ancien soldat de l'armée russe qui a purgé une peine de prison entre 2017 et 2018. Les mercenaires de Wagner sont souvent d'anciens prisonniers.

«LES BALLES ONT SIFFLÉ PAS TRÈS LOIN»

Après sa désertion, Andreï Medvedev aurait passé deux mois sous terre en Russie, préparant sa fuite. D'après son récit, le jeune homme a rejoint la Norvège via l'Arctique, en traversant la Pasvik, une rivière gelée. Une patrouille russe était selon lui à ses trousses à ce moment-là.

«J'ai entendu des aboiements de chiens, je me suis retourné, j'ai vu des gens avec des lampes torches, à environ 150 mètres, qui couraient dans ma direction, a-t-il dit. J'ai entendu deux tirs, les balles ont sifflé par très loin (...) J'ai couru sur la glace en m’aidant de la lumière de maisons, sur environ deux kilomètres.»

Une fois la frontière franchie, Andreï Medvedev serait, selon son avocat, allé expliquer sa situation à des Norvégiens, leur demandant d'appeler la police pour qu'il puisse demander l'asile. Un récit que plusieurs experts ont depuis mis en doute, estimant que l'ex-mercenaire n'a pas pu traverser la frontière hautement gardée sans assistance.

Andreï Medvedev maintient pourtant sa version des faits. Il a été interrogé par la brigade criminelle (Kripos) de la police norvégienne, qui participe à l'enquête internationale sur les crimes de guerre en Ukraine. Le jeune Russe s'était en effet dit «prêt à parler de son expérience au sein du groupe Wagner» pour faire avancer leurs recherches. Son avocat affirme qu'il se montre coopératif.

Peu de temps après l'arrivée d'Andreï Medvedev en Norvège, le fondateur du groupe Wagner a réagi au travers d'un communiqué de presse de l'une de ses sociétés. Evguéni Prigojine semble se moquer du récit du déserteur présumé, l'identifiant comme un citoyen norvégien. Il accuse cependant Andreï Medvedev de «maltraitance de prisonniers» et le décrit comme «très dangereux».

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