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Le Brésil a coulé l'ancien porte-avions français Foch, contaminé à l'amiante, dans l'Atlantique

Ce fleuron de la marine française, passé en 2000 sous pavillon brésilien, a longtemps erré en mer à la recherche d'un port refuge. [EMMANUEL PAIN / AFP]

La marine brésilienne a annoncé ce vendredi 3 février avoir coulé dans l’océan Atlantique l’ancien porte-avions Foch rempli d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques. Cette décision a été critiquée par plusieurs organisations de défense de l’environnement.

Un «crime environnemental». Rempli d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques, l'ancien porte-avions français Foch a été coulé à quelque 350 km des côtes brésiliennes ce vendredi. Plusieurs ONG ont dénoncé la violation de trois traités internationaux sur l’environnement.

Plus tôt dans la semaine, la marine brésilienne avait estimé ne pas avoir d'autre choix vu l'état très dégradé de cette vieille coque de 266 mètres de long. «Face aux risques qu'implique le remorquage et en raison de la détérioration de la coque (...), la seule solution est d'abandonner la coque en la coulant de façon contrôlée», avait-elle expliqué mercredi dans un communiqué conjoint avec le ministère brésilien de la Défense.

Le ministère public fédéral du Brésil (MPF), qui a tenté d'arrêter l'opération en multipliant les recours devant les tribunaux, a alerté sur les conséquences, soulignant cette semaine que le porte-avions «contient actuellement 9,6 tonnes d'amiante, une substance au potentiel toxique et cancérigène, ainsi que 644 tonnes d'encres et d'autres matières dangereuses». Il y a un «risque de graves dommages environnementaux (...) notamment parce que la coque est endommagée», a fait valoir le ministère public.

«des impacts sur la vie marine»

Même son de cloche du côté des ONG environnementales Greenpeace, Sea Shepherd et Basel Action Network, qui ont dénoncé «une violation de trois traités internationaux» sur l'environnement. Ce naufrage causera des dommages «incalculables», avec «des impacts sur la vie marine et les communautés côtières», ont-ils décrié dans une déclaration commune.

Ce fleuron de la marine française, passé en 2000 sous pavillon brésilien, a longtemps erré en mer à la recherche d'un port refuge. Construit à la fin des années 50 dans le chantier naval de Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, il a été pendant 37 ans au service de la marine française, avant d'être acheté en 2000 par le Brésil, qui l'a rebaptisé Sao Paulo. Mais en raison de sa vétusté et d'une série de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et alors que sa modernisation aurait coûté trop cher, Brasilia a décidé de s'en défaire.

Le chantier Sok Denizcilik l'a acheté pour sa ferraille en avril 2021 mais menaçait de l'abandonner faute de trouver un port pour l'accueillir. En juin 2022, il obtient l'autorisation des autorités brésiliennes de le convoyer jusqu'en Turquie en vue de son démantèlement. Mais alors qu'il se trouve fin août au niveau du détroit de Gibraltar, les autorités environnementales turques font savoir qu'il n'est plus le bienvenu. Le Brésil lui fait faire demi-tour mais sans l'autoriser à accoster malgré le constat d'une «aggravation des dommages» au niveau de la coque.

Le 19 janvier, le remorqueur néerlandais ALP Guard opérant pour le compte du chantier commence à s'éloigner des côtes brésiliennes, après avoir passé plusieurs mois au large du Pernambouc. Mais une décision de justice lui interdisait de naviguer dans les eaux internationales sans autorisation préalable des autorités brésiliennes.

 

C'est la raison pour laquelle l'agence publique environnementale brésilienne Ibama, responsable au Brésil de l'application de la Convention de Bâle sur les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux, a fini par demander une intervention de la marine brésilienne.

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