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Guerre en Ukraine : tout savoir sur l’Holodomor, la famine de 1932 reconnue comme génocide par les députés français

Le monument en hommage aux victimes de l'Holodomor, à Kiev, représente une enfant portant des épis de blés. Les Ukrainiens s'y recueillent tous les 26 novembre. [GENYA SAVILOV / AFP]

Par 168 voix contre 2, les députés ont adopté, ce mardi 28 mars, une résolution validant la reconnaissance, par la France, de la grande famine ukrainienne de 1932-1933 comme un génocide perpétré par les autorités soviétiques.

Un vote historique. Les députés français ont adopté ce mardi une résolution «portant sur la reconnaissance et la condamnation de la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d'Holodomor, comme génocide».

Porté par la députée (Renaissance) Anne Genetet, le texte a été voté par 168 voix, dont celles de Renaissance, du MoDem, de LR, du PS, des écologistes ou encore du RN. Les deux seules voix «contre» sont celles de deux députés communistes. Le groupe La France insoumise s'est abstenu.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué une décision «historique». «Reconnaissance envers les députés de l'Assemblée nationale pour cette décision historique. Le régime totalitaire du Kremlin, passé ou présent, n'a pas pu détruire et ne détruira jamais la vérité et la justice !», a affirmé le président ukrainien dans un tweet publié en français.

collectivisation des terres

L’Holodomor, ou «extermination par la faim», orchestrée entre 1932 et 1933 par l’ancien dirigeant soviétique Joseph Staline, a entraîné la mort d'au moins 4 millions de personnes dans le pays. Qualifié de génocide par Kiev, l'Holodomor a contribué à forger l’identité nationale ukrainienne. La guerre en Ukraine, avec notamment le vol de céréales ukrainiennes par les troupes russes, a ravivé la mémoire de cette tragédie. 

Cette sombre page de l'histoire ukrainienne trouve son origine dans la collectivisation forcée lancée par le dirigeant soviétique Joseph Staline à la fin des années 1920. L’objectif : supprimer la propriété privée et ouvrir des fermes d’État, appelées «kolkozes».

Conséquence, les prélèvements sur les récoltes augmentent de manière démesurée, celles-ci étant confisquées au nom de la collectivisation des terres. Des famines éclatent ainsi au Kazakhstan, décimant un quart de la population, et dans plusieurs régions de Russie comme la Volga ou le Caucase du Nord, faisant 1,5 millions de morts.

punir la résistance ukrainienne

Beaucoup d'actes de protestation sont lancés et de nombreuses tentatives de contourner les confiscations voient le jour. Des cadres du Parti communiste refusent même un plan de livraisons en céréales obligatoires, des kolkozes à Moscou.

Considérant l'Ukraine comme le foyer des résistances à sa politique, Staline aggrave délibérement la famine. «Les villages affamés sont isolés avec des cordons de troupes, et en janvier 1933, les paysans ont l’interdiction de gagner les villes», relate auprès de franceinfo l’historien Nicolas Werth, auteur des «Grandes Famines soviétiques».

Les autorités perquisitionnent les domiciles à la recherche de sacs de grains cachés par les habitants, laissant mourir la population à petit feu. Certains en sont réduits à des actes de cannibalisme pour survivre.

une vingtaine de pays reconnaissent ce génocide 

Longtemps oubliée, la mémoire de l'Holodomor a ressurgi à la chute de l'URSS. Les famines de 1932-1933 sont reconnues comme un génocide par l'Ukraine depuis 2003 et par une vingtaine de pays comme les Etats-Unis, le Canada, la Pologne ou plus récemment, la Roumanie, l'Allemagne et l'Islande.

En Russie, l'Holodomor n'est pas reconnu comme un génocide ni commémoré. Vladimir Poutine a d'ailleurs dissous l'ONG russe Memorial, qui entretenait la mémoire des victimes des crimes staliniens. Le président russe s'attache à réhabiliter la figure du dictateur soviétique, qu'il associe à l'image d'une Russie puissante et respectée dans le monde.

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