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Russie : un journaliste américain du Wall Street Journal arrêté pour «espionnage»

Agé de 31 ans, Evan Gershkovich est d'origine russe et ses parents sont installés aux Etats-Unis. [AFP]

Ce jeudi 30 mars, les services de sécurité russes ont annoncé l'arrestation d'un journaliste américain pour «espionnage».

Accusé d'espionnage, le correspondant du journal américain Wall Street Journal, Evan Gershkovich, vient d'être arrêté par les services de sécurité russes (FSB). La mise en cause d'un journaliste étranger pour un tel motif est sans précédent dans l'histoire récente de la Russie.

Dans un communiqué publié ce jeudi 30 mars, le FSB affirme avoir «déjoué l'activité illégale du correspondant accrédité [...] du bureau moscovite du journal américain Wall Street Journal, le citoyen des Etats-Unis Evan Gershkovich».

Le service fédéral de sécurité russe le soupçonne «d'espionnage au profit des Etats-Unis», et notamment de collecter des informations «sur une entreprise du complexe militaro-industriel» russe. Selon l'article 276 du code pénal russe, un tel crime est passible de dix à vingt ans de prison.

La législation contre l'espionnage durcie

Agé de 31 ans, Evan Gershkovich est d'origine russe et ses parents sont installés aux Etats-Unis. Parfaitement russophone, il a travaillé pour le Moscow Times et a été correspondant de l'AFP à Moscou avant de rejoindre l'équipe du Wall Street Journal, en 2022.

D'après Tatiana Stanovaïa, analyste russe indépendante qui dirige le centre R.Politik, la Russie a durci sa législation contre l'espionnage depuis son assaut contre l'Ukraine. Sur Facebook, elle écrit que «la nouvelle législation russe (...) permet de mettre en prison pour vingt ans n'importe qui s'intéressant aux affaires militaires, à l'opération militaire spéciale (en Ukraine), aux groupes militaires privés (comme Wagner), à l'état de l'armée». Elle émet l'hypothèse qu'Evan Gershkovich ait été pris en «otage» en vue d'un éventuel échange de prisonniers.

Jusqu'ici, les poursuites pénales en Russie visaient surtout la presse et les journalistes russes critiques du Kremlin. Les journalistes étrangers étaient globalement épargnés, Moscou ayant préféré expulser les correspondants et durcir les règles d'accréditation. Mais le lancement de l'offensive russe en Ukraine a changé la donne.

Les autorités russes ont accéléré la répression de l'opposition et des médias indépendants, généralement en usant de dispositions du code pénal réprimant le fait de «discréditer l'armée». Les accréditations pour les journalistes étrangers sont délivrées au compte-goutte et certains reporters sont parfois suivis par les services de sécurité lors de leurs reportages, notamment en dehors de Moscou. Dans ce contexte, de nombreux médias occidentaux ont fortement réduit leur présence en Russie depuis février 2022.

Evan Gershkovich vient s'ajouter à la liste des ressortissants américains détenus en Russie. L'un d'entre eux, Paul Whelan, purge une peine de seize ans de prison pour «espionnage». Arrêté en 2018, l'ex-militaire de 53 ans a été jugé pour une affaire que Washington juge montée de toutes pièces. Des négociations sont en cours depuis plusieurs années pour le faire libérer.

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